PAAVO JÄRVI ET LE PHILHARMONIA SUR LES TRACES DE MVRAVINSKI
resmusica.com
Patrice Imbaud
17.05.2019
Concerts, La Scène, Musique symphonique
Paris. Théâtre des Champs-Élysées. 13-V-2019. Ludwig van Beethoven (1770-1827) : Ouverture d’Egmont en fa mineur op. 84 ; Jean Sibelius (1865-1957) : Concerto pour violon et orchestre en ré majeur op. 47 ; Piotr Ilitch Tchaïkovski (1840-1893) : Symphonie n° 6 dite « Pathétique » en si mineur op. 74. Vadim Repin, violon. Philharmonia Orchestra, direction : Paavo Järvi
Patrice Imbaud
17.05.2019
Concerts, La Scène, Musique symphonique
Paris. Théâtre des Champs-Élysées. 13-V-2019. Ludwig van Beethoven (1770-1827) : Ouverture d’Egmont en fa mineur op. 84 ; Jean Sibelius (1865-1957) : Concerto pour violon et orchestre en ré majeur op. 47 ; Piotr Ilitch Tchaïkovski (1840-1893) : Symphonie n° 6 dite « Pathétique » en si mineur op. 74. Vadim Repin, violon. Philharmonia Orchestra, direction : Paavo Järvi
En tournée avec le Philharmonia Orchestra, pour un concert unique à Paris au Théâtre des Champs-Élysées, Paavo Järvi livre une interprétation saisissante de la Symphonie n° 6 de Tchaïkovski, tandis que le violoniste russe Vadim Repin exalte toute l’expressivité du Concerto pour violon de Sibelius.
Dès les premières mesures de l’Ouverture d’Egmont de Beethoven, le ton est donné : l’ambiance, ce soir, est au drame. Dans un mélange de grandeur solennelle (cordes graves et timbales) et d’effusion (petite harmonie), soutenu par un phrasé très opératique collant parfaitement à l’épopée d’Egmont (lutte, amour, victoire), la phalange londonienne répond, dans l’instant, à la direction fougueuse du chef.
Le Concerto pour violon de Sibelius bénéficie aujourd’hui d’une notoriété incontestable par son mélange de lyrisme, de virtuosité et de romantisme exacerbé qui en fait un des chevaux de bataille favori de tous les violonistes actuels. Après Hilary Hahn, il y a quelques jours, c’est ce soir Vadim Repin qui officie, autorisant le jeu des comparaisons. Si la violoniste américaine, violonistiquement irréprochable, avait bénéficié d’un environnement assez neutre, privée parfois d’un appui orchestral consistant de la part de Mikko Franck, Vadim Repin, à l’inverse, voit ce soir son interprétation magnifiée par les couleurs et la dynamique émanant d’une phalange londonienne très complice, élevant par instant la complicité au niveau de l’égrégore. Moyennant quelques accommodements avec la justesse, le violoniste fait valoir dès l’entame du premier mouvement Allegro moderato l’ampleur et le grain exceptionnel de sa sonorité, toute au service d’une expressivité haute en couleur, consolidée par un parfait équilibre avec l’orchestre. Les cadences claires apportent leur lot de virtuosité, impeccablement menées dans l’émouvant dialogue avec la clarinette. L’Adagio contemplatif, d’un lyrisme chaleureux, est tout entier supporté par le legato tendu du violon et un accompagnement orchestral de premier ordre dans lequel se distinguent cordes (violon solo) et vents. Le Final très dansant renoue avec la virtuosité dans une cavalcade aux allures tziganes se déployant sur une rythmique obstinée de l’orchestre scandée par les timbales véhémentes. Deux bis empruntés à Bach concluent cette première partie qui vaut autant par la qualité solistique de Vadim Repin que par l’engagement de l’orchestre et la pertinence de la direction.
Drame encore après la pause. Paavo Järvi persiste et signe en offrant au public de l’avenue Montaigne une interprétation originale, et aujourd’hui assez inhabituelle, de la Symphonie n° 6 de Tchaïkovski dont il propose une vision quasi expressionniste, dramatique et rugueuse, comme taillée à la serpe qui n’est pas sans rappeler le grand Mvravinski. Les quatre mouvements s’y succèdent, justement typés. Dramatique, l’Adagio initial débute par la complainte lugubre du basson, bientôt relayé par le tutti où se distinguent des cordes somptueuses, une petite harmonie très investie et des cuivres rutilants (trombones) dans une lecture extravertie, haletante, chargée de contrastes et de nuances où le chef semble parfois souligner presque abusivement la fibre tragique. L’Allegro con grazia apporte un court moment de répit par sa valse élégante d’où sourd, en filigrane, une inquiétude persistante portée par les vents. L’Allegro vivace, juste dans le ton comme dans la note, est traité ici comme un scherzo dionysiaque, débutant par une attente angoissante avant que ne se déchaînent crescendos et effets sonores. L’Adagio lamentoso justifie à lui seul le nom de la symphonie, pathétique, déchirant, résigné et douloureux, conclu par un grave et saisissant choral de cuivres… suivi de longues minutes de silence, signe des grandes interprétations.
https://www.resmusica.com/2019/05/17/paavo-jarvi-et-le-philharmonia-sur-les-traces-de-mvravinski/
Dès les premières mesures de l’Ouverture d’Egmont de Beethoven, le ton est donné : l’ambiance, ce soir, est au drame. Dans un mélange de grandeur solennelle (cordes graves et timbales) et d’effusion (petite harmonie), soutenu par un phrasé très opératique collant parfaitement à l’épopée d’Egmont (lutte, amour, victoire), la phalange londonienne répond, dans l’instant, à la direction fougueuse du chef.
Le Concerto pour violon de Sibelius bénéficie aujourd’hui d’une notoriété incontestable par son mélange de lyrisme, de virtuosité et de romantisme exacerbé qui en fait un des chevaux de bataille favori de tous les violonistes actuels. Après Hilary Hahn, il y a quelques jours, c’est ce soir Vadim Repin qui officie, autorisant le jeu des comparaisons. Si la violoniste américaine, violonistiquement irréprochable, avait bénéficié d’un environnement assez neutre, privée parfois d’un appui orchestral consistant de la part de Mikko Franck, Vadim Repin, à l’inverse, voit ce soir son interprétation magnifiée par les couleurs et la dynamique émanant d’une phalange londonienne très complice, élevant par instant la complicité au niveau de l’égrégore. Moyennant quelques accommodements avec la justesse, le violoniste fait valoir dès l’entame du premier mouvement Allegro moderato l’ampleur et le grain exceptionnel de sa sonorité, toute au service d’une expressivité haute en couleur, consolidée par un parfait équilibre avec l’orchestre. Les cadences claires apportent leur lot de virtuosité, impeccablement menées dans l’émouvant dialogue avec la clarinette. L’Adagio contemplatif, d’un lyrisme chaleureux, est tout entier supporté par le legato tendu du violon et un accompagnement orchestral de premier ordre dans lequel se distinguent cordes (violon solo) et vents. Le Final très dansant renoue avec la virtuosité dans une cavalcade aux allures tziganes se déployant sur une rythmique obstinée de l’orchestre scandée par les timbales véhémentes. Deux bis empruntés à Bach concluent cette première partie qui vaut autant par la qualité solistique de Vadim Repin que par l’engagement de l’orchestre et la pertinence de la direction.
Drame encore après la pause. Paavo Järvi persiste et signe en offrant au public de l’avenue Montaigne une interprétation originale, et aujourd’hui assez inhabituelle, de la Symphonie n° 6 de Tchaïkovski dont il propose une vision quasi expressionniste, dramatique et rugueuse, comme taillée à la serpe qui n’est pas sans rappeler le grand Mvravinski. Les quatre mouvements s’y succèdent, justement typés. Dramatique, l’Adagio initial débute par la complainte lugubre du basson, bientôt relayé par le tutti où se distinguent des cordes somptueuses, une petite harmonie très investie et des cuivres rutilants (trombones) dans une lecture extravertie, haletante, chargée de contrastes et de nuances où le chef semble parfois souligner presque abusivement la fibre tragique. L’Allegro con grazia apporte un court moment de répit par sa valse élégante d’où sourd, en filigrane, une inquiétude persistante portée par les vents. L’Allegro vivace, juste dans le ton comme dans la note, est traité ici comme un scherzo dionysiaque, débutant par une attente angoissante avant que ne se déchaînent crescendos et effets sonores. L’Adagio lamentoso justifie à lui seul le nom de la symphonie, pathétique, déchirant, résigné et douloureux, conclu par un grave et saisissant choral de cuivres… suivi de longues minutes de silence, signe des grandes interprétations.
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