Paavo Järvi à la recherche du vrai Beethoven
26 July, 2007
www.cyberpresse.ca
Article by Claude Gingras
La Presse
La Deutsche Kammerphilharmonie Bremen (Philharmonie allemande de chambre de Brême) donne l'intégrale des neuf Symphonies de Beethoven avec son chef Paavo Järvi en quatre concerts ce week-end à l'Amphithéâtre de Lanaudière. Et par ordre numérique. Premier concert demain soir, 20 h: Symphonies nos 1, 2 et 3, dite Eroica.
La brochure du Festival annonce 60 musiciens. Surprise du chef: «Nous sommes 43, comme lors de notre première visite ici, en 2005 (pour un concert Beethoven comportant l'Eroica). Ce nombre correspond aux orchestres du temps de Beethoven.»
Le chef estonien - fils d'un autre chef, le réputé Neeme Järvi - utilise la nouvelle édition Bärenreiter de Jonathan Del Mar. C'est aussi le texte choisi par Nézet-Séguin pour son intégrale (de 2005 également) et par Nagano pour ses Beethoven isolés.
Basée sur les manuscrits et parties orchestrales de l'époque, l'édition Bärenreiter découvre des articulations, staccatos, liaisons, dynamiques, des notes même, absents des éditions courantes comme Eulenburg. «Ceux qui préparaient ces éditions (chefs d'orchestre pour la plupart) prenaient pour des erreurs certaines audaces de Beethoven, explique M. Järvi. C'est pour cela que Mahler, par exemple, prend la peine d'écrire: «Ceci n'est PAS une erreur!» Par contre, l'instrumentation et les tempi demeurent les mêmes dans toutes ces éditions. Mais tous ces détails restent assez secondaires. Ce qui compte, c'est ce que Beethoven a cherché à exprimer derrière les notes.»
M. Järvi précise qu'il fait toutes les reprises, dispose ses violons à gauche et à droite du podium et dirige avec la partition.
Une certaine raideur marquait l'Eroica de 2005 et revient dans le tout récent enregistrement Järvi-Bremen de l'oeuvre (dans le cadre d'une intégrale en cours, chez Sony-BMG). Le vibrato est-il en cause? Laissons M. Järvi expliquer. «Nous n'avons pas de philosophie pour ce qui concerne le vibrato. Nous ne sommes pas fanatiquement contre. Nous l'employons selon le contexte, quand cela est nécessaire, mais nous n'en abusons pas.»
Je reviens sur la raideur. «Beethoven ne connaissait pas Wagner, lance M. Järvi. Je veux dire: Beethoven ne connaissait pas l'expression romantique que Wagner créa plus tard.»
Cette expression a nourri les interprétations de Furtwängler, Klemperer, Knappertsbusch et Bruno Walter, qui restent les préférées de M. Järvi. Furtwängler surtout. «Oubliez les Norrington et Harnoncourt. Personne ne connaît Beethoven comme Furtwängler!»
Des chefs beethovéniens surestimés? «Toscanini. Trop de stress.»
Paavo Järvi place les neuf Symphonies de Beethoven au sommet du répertoire orchestral tout entier. Sa préférée: l'Eroica. «Un choc. Rien de tel n'avait été écrit jusque-là.» Une qu'il aime moins? «J'ai des problèmes avec la septième. Je trouve le final vide. (Pause.) Mais toutes sont des chefs-d'oeuvre!»
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Article by Claude Gingras
La Presse
La Deutsche Kammerphilharmonie Bremen (Philharmonie allemande de chambre de Brême) donne l'intégrale des neuf Symphonies de Beethoven avec son chef Paavo Järvi en quatre concerts ce week-end à l'Amphithéâtre de Lanaudière. Et par ordre numérique. Premier concert demain soir, 20 h: Symphonies nos 1, 2 et 3, dite Eroica.
La brochure du Festival annonce 60 musiciens. Surprise du chef: «Nous sommes 43, comme lors de notre première visite ici, en 2005 (pour un concert Beethoven comportant l'Eroica). Ce nombre correspond aux orchestres du temps de Beethoven.»
Le chef estonien - fils d'un autre chef, le réputé Neeme Järvi - utilise la nouvelle édition Bärenreiter de Jonathan Del Mar. C'est aussi le texte choisi par Nézet-Séguin pour son intégrale (de 2005 également) et par Nagano pour ses Beethoven isolés.
Basée sur les manuscrits et parties orchestrales de l'époque, l'édition Bärenreiter découvre des articulations, staccatos, liaisons, dynamiques, des notes même, absents des éditions courantes comme Eulenburg. «Ceux qui préparaient ces éditions (chefs d'orchestre pour la plupart) prenaient pour des erreurs certaines audaces de Beethoven, explique M. Järvi. C'est pour cela que Mahler, par exemple, prend la peine d'écrire: «Ceci n'est PAS une erreur!» Par contre, l'instrumentation et les tempi demeurent les mêmes dans toutes ces éditions. Mais tous ces détails restent assez secondaires. Ce qui compte, c'est ce que Beethoven a cherché à exprimer derrière les notes.»
M. Järvi précise qu'il fait toutes les reprises, dispose ses violons à gauche et à droite du podium et dirige avec la partition.
Une certaine raideur marquait l'Eroica de 2005 et revient dans le tout récent enregistrement Järvi-Bremen de l'oeuvre (dans le cadre d'une intégrale en cours, chez Sony-BMG). Le vibrato est-il en cause? Laissons M. Järvi expliquer. «Nous n'avons pas de philosophie pour ce qui concerne le vibrato. Nous ne sommes pas fanatiquement contre. Nous l'employons selon le contexte, quand cela est nécessaire, mais nous n'en abusons pas.»
Je reviens sur la raideur. «Beethoven ne connaissait pas Wagner, lance M. Järvi. Je veux dire: Beethoven ne connaissait pas l'expression romantique que Wagner créa plus tard.»
Cette expression a nourri les interprétations de Furtwängler, Klemperer, Knappertsbusch et Bruno Walter, qui restent les préférées de M. Järvi. Furtwängler surtout. «Oubliez les Norrington et Harnoncourt. Personne ne connaît Beethoven comme Furtwängler!»
Des chefs beethovéniens surestimés? «Toscanini. Trop de stress.»
Paavo Järvi place les neuf Symphonies de Beethoven au sommet du répertoire orchestral tout entier. Sa préférée: l'Eroica. «Un choc. Rien de tel n'avait été écrit jusque-là.» Une qu'il aime moins? «J'ai des problèmes avec la septième. Je trouve le final vide. (Pause.) Mais toutes sont des chefs-d'oeuvre!»
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