CD REVIEW: Beethoven Symphonies 4 & 7
10/10
LUDWIG VAN BEETHOVEN Symphonies n° 4 et 7
Deutsche Kammerphilharmonie Bremen, Paavo Järvi
RCA Japon- 88697-09995-2(SACD)
Référence: Kleiber-Amsterdam (DVD Philips)
By Christophe Huss
Voici en avant-première, à partir de l'audition du SACD sorti au Japon un peu plus tôt en 2007, le commentaire du second volume de l'intégrale de Paavo Järvi.
La première chose à souligner est qu'en deux années la discographie de la 4e Symphonie a radicalement évolué. Pour décrire la situation, on peut aujourd'hui totalement se passer de la version Kleiber-Orfeo, puisque, par exemple, Järvi développe la même ambition et furia musicale, dans une réalisation orchestrale infiniment mieux maîtrisée et une prise de son incomparable.
Nous avons donc quatre "nouvelles" versions de la 4e Symphonie qui ont tout chamboulé: Vänskä-Minnesota (BIS); Haitink-LSO (LSO); Skrowaczewski-Saarbrücken (Oehms) et Järvi-Deutsche Kammerphilharmonie Bremen (RCA). On peut mettre côte à côte les deux premières, qui sont ce qui se fait de mieux, de plus lisible et équilibré dans la catégorie "grand orchestre". Skrowaczewski se situe dans une voie intermédiaire et scrute les textures avec un côté ludique et très transparent. Järvi revendique la taille réduite de l'orchestre, mais en même temps une puissance supérieure. Si l'on veut une image, c'est le Beethoven le plus échevelé et rebelle des quatre.
Tout comme dans le disque des Symphonies n° 3 et 8, Paavo Järvi ne lâche jamais la bride. Son orchestre déploie une énergie folle pour que chaque mesure soit nourrie de l'intérieur. Il en va de même dans la 7e Symphonie.
L'impact des interprètes (car l'orchestre est indissociable du chef ici) repose sur un respect quasi obsessionnel de l'accentuation, mais sans induire un quelconque caractère martial. Ce n'est pas non plus une "parade de tambours et trompettes" comme chez maints baroqueux. Car ce que je n'ai pas assez souligné dans l'article sur les Symphonies n° 3 et 8, c'est qu'il y a là un vrai son, incomparablement plus beau et étudié que celui d'orchestres comme celui dirigé par Thomas Dausgaard dans son intégrale Simax ou de Mackerras dans sa nouvelle intégrale Hyperion.
Du point de vue strictement orchestral, la Deutsche Kammerphilharmonie Bremen est, dans son genre et son style, un "leader" comme l'était le Philharmonique de Berlin de Karajan pour les grands orchestres dans les années 1975 à 1985. Cela s'entend dès la première note de la 4e Symphonie.
Le principe, qui vaut pour les Symphonies n° 4 et 7 est d'allier la force motrice de tempos quasi vertigineux, à la fois avec la puissance et la transparence. La partition est éclairée de l'intérieur dans la mesure où la taille de la formation permet de jouer comme un ensemble de musique de chambre, les divers pupitres laissant alternativement émerger les solos, les accents ou les couleurs des un et des autres. Cette complicité et ce plaisir de jouer s'entendent à chaque mesure.
À cette transparence s'allie une vraie inventivité, avec un jeu sur les couleurs (écoutez les deux dernières minutes du 1er mouvement de la 4e ou la dernière minute de cette même symphonie), mais aussi un dosage du vibrato – souvent les notes tenues en ont moins, comme pour faire saillir un "dard musical".
Ce disque relève un défi majeur: être un choc de 69'23 à la mesure choc de l'Héroïque. L'allant et la recherche sur les accents, les couleurs, la polyphonie et les contre-chants n'empêchent jamais le chef et ses musiciens d'accomplir le plus important: faire de la grande musique et nous dévoiler le bouillonnement intérieur du créateur Beethoven!
Deutsche Kammerphilharmonie Bremen, Paavo Järvi
RCA Japon- 88697-09995-2(SACD)
Référence: Kleiber-Amsterdam (DVD Philips)
By Christophe Huss
Voici en avant-première, à partir de l'audition du SACD sorti au Japon un peu plus tôt en 2007, le commentaire du second volume de l'intégrale de Paavo Järvi.
La première chose à souligner est qu'en deux années la discographie de la 4e Symphonie a radicalement évolué. Pour décrire la situation, on peut aujourd'hui totalement se passer de la version Kleiber-Orfeo, puisque, par exemple, Järvi développe la même ambition et furia musicale, dans une réalisation orchestrale infiniment mieux maîtrisée et une prise de son incomparable.
Nous avons donc quatre "nouvelles" versions de la 4e Symphonie qui ont tout chamboulé: Vänskä-Minnesota (BIS); Haitink-LSO (LSO); Skrowaczewski-Saarbrücken (Oehms) et Järvi-Deutsche Kammerphilharmonie Bremen (RCA). On peut mettre côte à côte les deux premières, qui sont ce qui se fait de mieux, de plus lisible et équilibré dans la catégorie "grand orchestre". Skrowaczewski se situe dans une voie intermédiaire et scrute les textures avec un côté ludique et très transparent. Järvi revendique la taille réduite de l'orchestre, mais en même temps une puissance supérieure. Si l'on veut une image, c'est le Beethoven le plus échevelé et rebelle des quatre.
Tout comme dans le disque des Symphonies n° 3 et 8, Paavo Järvi ne lâche jamais la bride. Son orchestre déploie une énergie folle pour que chaque mesure soit nourrie de l'intérieur. Il en va de même dans la 7e Symphonie.
L'impact des interprètes (car l'orchestre est indissociable du chef ici) repose sur un respect quasi obsessionnel de l'accentuation, mais sans induire un quelconque caractère martial. Ce n'est pas non plus une "parade de tambours et trompettes" comme chez maints baroqueux. Car ce que je n'ai pas assez souligné dans l'article sur les Symphonies n° 3 et 8, c'est qu'il y a là un vrai son, incomparablement plus beau et étudié que celui d'orchestres comme celui dirigé par Thomas Dausgaard dans son intégrale Simax ou de Mackerras dans sa nouvelle intégrale Hyperion.
Du point de vue strictement orchestral, la Deutsche Kammerphilharmonie Bremen est, dans son genre et son style, un "leader" comme l'était le Philharmonique de Berlin de Karajan pour les grands orchestres dans les années 1975 à 1985. Cela s'entend dès la première note de la 4e Symphonie.
Le principe, qui vaut pour les Symphonies n° 4 et 7 est d'allier la force motrice de tempos quasi vertigineux, à la fois avec la puissance et la transparence. La partition est éclairée de l'intérieur dans la mesure où la taille de la formation permet de jouer comme un ensemble de musique de chambre, les divers pupitres laissant alternativement émerger les solos, les accents ou les couleurs des un et des autres. Cette complicité et ce plaisir de jouer s'entendent à chaque mesure.
À cette transparence s'allie une vraie inventivité, avec un jeu sur les couleurs (écoutez les deux dernières minutes du 1er mouvement de la 4e ou la dernière minute de cette même symphonie), mais aussi un dosage du vibrato – souvent les notes tenues en ont moins, comme pour faire saillir un "dard musical".
Ce disque relève un défi majeur: être un choc de 69'23 à la mesure choc de l'Héroïque. L'allant et la recherche sur les accents, les couleurs, la polyphonie et les contre-chants n'empêchent jamais le chef et ses musiciens d'accomplir le plus important: faire de la grande musique et nous dévoiler le bouillonnement intérieur du créateur Beethoven!
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