« WEEK-END ARVO PÄRT » : PAAVO JÄRVI FÊTE LES 80 ANS DU MAESTRO
toutelaculture.com
Géraldine Bretault
21/09/2015
Géraldine Bretault
21/09/2015
Entamant sa dernière saison à la tête de l’Orchestre de Paris, désormais résident permanent de la Philharmonie, Paavo Järvi a souhaité commémorer en musique les quatre-vingt ans de son compatriote, le compositeur estonien Arvo Pärt. Hommage évanescent à un des compositeurs majeurs du XXe siècle.
Note de la rédaction :
Tous les chefs le savent : fût-ce dans une salle à l’acoustique des plus favorables à l’intimité entre musiciens et spectateurs, l’alchimie d’un concert réussi est une science délicate, qui requiert les plus grands soins. Le choix de débuter le concert par trois pièces d’environ 5 minutes était risqué, empêchant une immersion immédiate du public dans l’univers d’Arvo Pärt. Il faut dire que les retardataires installés à la hâte par les hôtesses entre les deux premiers opus n’étaient pas pour y aider… Pourtant, très vite, la magie de la musique et le savoir-faire de Paavo Järvi ont opéré.
Après la Summa, véritable berceuse céleste pour orchestre, le jeu énergique et intense de la violoniste Viktoria Mullova s’est chargé d’embraser la Passacaille créée pour l’anniversaire de Gidon Kremer en 2003. Venait ensuite le Da Pacem Domine créé en 2004 en hommage aux victimes des attentats de Madrid. L’Orchestre était ici doublé du chœur, installé en arrière-scène, dont les altos ont entonné une antienne grégorienne exprimant la douleur.
La Sindone, créée à Turin en 2005, a alors saisi la salle de tout sa gravité. La science de l’équilibre d’Arvo Pärt a pris ici tout son sens, dans un contraste osé entre les dissonances les plus impétueuses et les accents cristallins du triangle. La première partie s’achevait avec le Credo, acmé de cette superbe soirée. Cette pièce en particulier rappelle le contexte dans lequel Arvo Pärt a grandi, à Tallinn : celui d’un pays soumis à l’occupation soviétique depuis 1944, et qui le poussera à s’exiler à Berlin en 1980. En 1968, Le Credo avait fait scandale. Sa force subversive transparaît encore aujourd’hui : Arvo Pärt a imaginé une partition pour chœur et orchestre à partir d’un collage du Prélude de Bach. Ces quelques notes si reconnaissables étaient égrenées ce soir dans un superbe rubato par Vincent Descharmes, en contrepoint d’un orchestre utilisé dans toute sa masse, opérant des ruptures de rythme et de nuances des plus osées, pour un spectacle aussi visuel qu’auditif. La salle a retenu son souffle, avant de libérer des applaudissements extatiques.
Après l’entracte, la seconde partie débutait avec la pièce Silhouette, dont les sons métalliques sont à interpréter comme un hommage imagé à Gustave Eiffel. Le public a pu se délecter de la place d’honneur offerte aux percussions, mises en valeur de surcroît par l’interprétation du chef Paavo Järvi, qui avait commencé par les étudier avant d’aborder la direction.
Créée en 1971, la Symphonie N°3 illustre l’émergence d’un style propre au compositeur, né de la crise créatrice qui avait succédé au Credo. Délaissant finalement le collage, ArvoPärt était en quête d’une nouvelle simplicité, profondément spirituelle, que restitue le style appelé tintinnabuli, puisqu’il évoque les tintements des cloches d’église. Les cuivres et les percussions y étaient une nouvelle fois à l’honneur, avant que les cordes ne reprennent du service dans le Cantus, pièce nostalgique dédiée à Benjamin Britten, décédé avant qu’Arvo Pärt ait pu le rencontrer.
Au terme de cette dense programmation, ponctuée par des envolées puissantes et lyriques et emmenée par la direction si légère et humble de Paavo Järvi, le public a eu la chance de voir le compositeur monter sur scène. Devant une longue standing ovation, Arvo Pärt a pu ainsi mesurer la reconnaissance de ses admirateurs.
SummaPassacagliaDa pacem DomineLa Sindone Credo pour piano, chœur et orchestreEntracte
SilhouetteSymphonie n° 3
Cantus in Memory of Benjamin Britten
SilhouetteSymphonie n° 3
Cantus in Memory of Benjamin Britten
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