BEETHOVEN NEUVIÈME SYMPHONIE, ÉPISODE 2 : PAAVO JÄRVI À LA PHILHARMONIE

resmusica.com
Patrick Georges Montaigu
26/06/2015

Paris. Philharmonie de Paris. 15-I-2011. Dimitri Chostakovitch (1906-1975) : Concerto pour violon et orchestre n°2 en ut dièse mineur op.129. Ludwig van Beethoven (1770-1827) : Symphonie n°9 en ré mineur op.125. Philippe Aïche, violon. Luba Orgonášová, soprano ; Petra Lang, mezzo-soprano; Michael Shade, ténor ; Matthias Goerne, basse. Chœur de l’Orchestre de Paris, chef de chœur : Lionel Sow. Orchestre de Paris, direction : Paavo Järvi.
Paavo Järvi à la tête de l’Orchestre de Paris
















Au lendemain de l’exécution de cette même ultime symphonie beethovénienne à l’Opéra Bastille, l’Orchestre de Paris prenait le relais conduit par son chef  offrant une prestation de haute volée dont on put, dans l’acoustique bien plus favorable de la Philharmonie, en percevoir clairement toutes les qualités.
Mais avant cela on put entendre le Concerto pour violon n°2 de Chostakovitch repris par , un des deux premiers violons solo de l’orchestre, après le forfait de Vadim Repin. On ne sait si le violoniste avait cette œuvre dans les doigts depuis une semaine, un an ou toute sa vie, mais il s’y lança sans trembler avec une intensité qui fit plaisir à entendre d’autant qu’elle était accompagnée d’une belle maitrise instrumentale. Peut-être une star du violon y aurait mis ici où là plus de nuances ou d’intentions,  a semblé y favoriser la constance et la cohérence du discours sur la fantaisie ou la prise de risque et il a sans doute eu raison. Avec son accompagnement « aux petits oignons » par un chef inspiré et un orchestre attentif, ce concerto fut une réussite.
Le point d’orgue de la soirée resta quand même, et de loin, l’exécution de la Symphonie n°9 de Beethoven, d’un niveau d’accomplissement rarement atteint à ce point. Jouant avec une urgence constante, au point d’enchainer les mouvements presque sans pause ou, dans le finale, de lancer la « marche turque » alors que la résonance du grandiose point d’orgue ne s’était pas éteinte, le chef imprima, par ses tempos vifs, un allant et un rebond permanent, une énergie motrice sans relâche, ne sacrifiant jamais la lisibilité, les phrasés ou la couleur orchestrale, qui souvent s’assèche dans ces conditions, mais pas ce soir, réussissant à rester expressif et vivant, évitant là encore l’écueil de l’uniformité réductrice trop souvent entendue ailleurs. Le difficile premier mouvement trouva sous la baguette de Paavo Järvi une densité et une concentration sans faille, réussissant la gageure de préserver la progression du mouvement, ses épisodes successifs étant alors parfaitement amenés, en particulier le grand climax central qui, pour une fois, ne tombait pas du ciel.
Cette capacité à ne rien sacrifier à l’hôtel de l’urgence et de la motricité fut la grande réussite de cette interprétation, d’un bout à l’autre, portée par un orchestre en grande forme qui suivit son chef comme un seul homme. Jusqu’au Prestissimo final facilement cafouilleur réussit ce soir comme rarement. Les forces chorales furent à la hauteur de la tâche, participant grandement à la glorieuse majesté du finale, y compris son quatuor teinté de stars. Même si notre sensibilité musicale nous porte volontiers vers des versions plus amples respirant plus profondément, on applaudit des deux mains à cette brillante exécution, sans doute ce que nous avons entendu de mieux dans ce style. Pour ses successeurs fraîchement nommés, Paavo Järvi vient de mettre la barre bien haute.
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