"Mythos" rewarded with the Diapason d'Or
Diapason
Patrick Szersnovícz
ERKKI-SVEN TÜÜR
NÉ EN 1959
Symphonie nº 9 “Mythos”. Sow the Wind. Incantation of Tempest.
Orchestre du Festival d’Estonie, Paavo Järvi.Alpha. Ø 2016 à 2019. TT: 1 h 06’.
TECHNIQUE: 4,5/5
Enregistrement réalisé par Siim Mäesalu et Tanel Klesment en juillet 2016 au Concert Hall de Pärnu et janvier 2018 au Concert Hall de Tallinn (Estonie). Un espace orchestral particulièrement ample, avec des plans sonores, nombreux et profonds, une belle définition des timbres.
Un temps influencé par György Ligeti et Arvo Pärt, Erkki-Sven Tüür s’est forgé depuis un style solide, personnel, où il n’hésite pas à superposer parfois des langages antagonistes. Sa Symphonie nº 9 “Mythos” (2018), dédiée à l’ami Paavo Järvi, paraît amorcer un net rapprochement avec quelques-uns des grands symphonistes nordiques (Norgard, Pettersson) comme avec les foisonnantes fresques orchestrales d’un Lindberg. En trente-cinq minutes d’un seul tenant, l’oeuvre, subtilement articulée, atteste un beau souffle et une manière sonore très riche et remarquablement diversifiée. Ell cumule développements serrés, impressionnantes houles de tutti, épisodes de tension souvent cuivrés et tumultueux, mystérieuses plages de détente à la texture tout ensemble claire et complexe.
Paavo Järvi et son orchestre estonien, précis et engagé, mettent en valeur les innombrables facettes de cette ample symphonie à la fois narrative et abstraite. Basée sur un jeu restreint d’intervalles-clefs (quarte, quinte), elle soutient victorieusement la gageure d’évoquer des états d’âme violemment opposés, aussitôt apparus qu’évanouis, tout en générant une profonde sensation d’unité.
Si les quatre minutes d’Incantation of Tempest (2017) n’ont qu’un intérêt anecdotique, il en va tout autrement de Sow the Wind (2015), grand pièce orchestrale créée par Paavo Järvi et l’Orchestre de Paris. Elle annonce déjà l’évolution dessinée par "Mythos”, suscitant pareillement une relation fascinante entre les idées tangibles et celles qui restent évanescentes. Cette page de vingt et une minutes révèle des trames changeantes et des sonorités souvent inédites, nées d’une efflorescence de bois (clarinettes, hautbois, cor anglais) semblant à elle seule susciter tout le matériau ultérieur. Le compositeur sait faire surgir un verbe nerveux et volubile, mobile et sensible qui, en dépit de l’incessant processus de développement auquel il est soumis, porte en soi une évidente signification expressive.
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