Double Concerto de Brahms, Viotti et Dvořák : In Memoriam Lars Vogt
Resmusica
Dédié à la mémoire du pianiste et chef d'orchestre Lars Vogt disparu l'an dernier, cet enregistrement réunit ses amis Paavo Järvi, Christian et Tanja Tetzlaff dans un bel et émouvant hommage musical associant le Double Concerto de Brahms, le Concerto pour violon n° 22 de Viotti et Silent Woodsde Dvořák.
S'appuyant sur un instrumentarium atypique et probablement inspiré de façon lointaine du Triple Concerto de Beethoven, le Double Concerto pour violon et violoncelle de Johannes Brahms fut composé en 1887 dans un souci non avoué de réconciliation du compositeur avec son ami le violoniste Joachim qui en assura d'ailleurs la création. Paavo Järvi à la tête du Deutsches Symphonie-Orchester Berlin, Christian et Tanja Tetzlaff nous en livrent, ici, une interprétation typiquement brahmsienne, passionnée, fougueuse, joliment nuancée et parfaitement équilibrée, empreinte de complicité.
L'Allegro initial, ouvert péremptoirement par quatre accords orchestraux, présente les protagonistes dans un affrontement, puis un dialogue serré entre violoncelle et violon, idéalement soutenu par une phalange berlinoise très engagée et affutée ; l'Andante ébauche puis confirme l'entente retrouvée sur une ample mélodie pleine de noblesse sollicitant particulièrement les vents aux cotés des solistes ornementant tour à tour, avant que le Finale ne renoue avec la virtuosité solistique et orchestrale ébouriffante aux allures tziganes scellant l'amitié recouvrée.
On sait combien Brahms appréciait le Concerto pour violon n° 22 de Giovanni Battista Viotti (1755-1824) qu'il avait notamment entendu interprété par Joseph Joachim et dont Christian Tetzlaff nous donne une interprétation légère, élégante, presque galante, virtuose, cantabile et poétique transcendée par un accompagnement orchestral très coloré, ardent et d'une remarquable clarté.
Admiration réciproque et amitié caractérisaient le lien solide existant entre Johannes Brahms et Antonín Dvořák, on ne s'étonnera donc pas que ce programme construit autour de Brahms, de l'amitié et du souvenir s'achève sur le très nostalgique Silent Woods pour violoncelle et orchestre. Une courte pièce initialement conçue pour piano à quatre mains, composée lors de la tournée d'adieu du compositeur avant son départ pour le Nouveau Monde, arrangée secondairement pour violoncelle et orchestre en 1893, toute imprégnée du lyrisme douloureux de l'exil dont Tanja Tetzlaff offre une lecture vibrante en totale symbiose avec l'orchestre (vents). Magnifique point final à ce disque du souvenir !
Comments