Symphonie Numéro 5 Francesca Da Rimini

Sophie Bourdais

Télérama

15 décembre 2021







Après un premier enregistrement consacré à Olivier Messiaen (voir Télérama n° 3663), le chef estonien Paavo Jarvi et son superbe orchestre de la Tonhalle de Zurich se sont lancé un autre défi: jouer et enregistrer entre octobre 2019 et janvier 2021 l'intégrale des six symphonies de Piotr Ilitch Tchaïkovski (1840-1893). L'occasion ou jamais de faire (re)découvrir les trois premières, souvent délaissées au profit de la seconde trilogie, placée sous le signe du destin. Le coffret s'ouvre sur une éblouissante Cinquième d'abord ombrageuse et tendue, d'une tendresse inquiète dans son deuxième mouvement, parcourue de sautes d'humeurs dans le troisième, et puissamment lyrique dans le dernier. Sans atteindre les mêmes sommets d'interprétation, les autres symphonies bénéficient de la même clarté des plans sonores et des mêmes traits bien nets, d'articulations ciselées avec soin, d'un goût pour le détail qui ne freine pas l'élan orchestral, et d'un refus du sentimentalisme qui n'assèche jamais l'émotion.


Celle-ci pourrait déborder de ces œuvres en forme de journal intime (ce que ne suggère pas, dans cette édition, leur éparpillement chronologique), composées tout au long d'une vie menée et achevée dans d'indicibles tourments. Quasi-requiem, la Symphonie n° 6 «Pathétique» -la plus célèbre -fut créée peu avant la mort de Tchai1<ovski, et bénéficie ici, plutôt que d'un surcroît de dolorisme, d'une dimension épique qui en fait une saisissante course à l'abîme. Parmi les œuvres proposées en complément des symphonies, les fantaisies orchestrales Francesca da Rimini et Roméo et Juliette méritent une attention particulière pour leur sens du drame. On avoue une légère déception concernant la valse et la polonaise extraites d'Eugène Onéguine, plus anecdotiques. 



https://www.telerama.fr/musiques/symphonie-numero-5-francesca-da-rimini-3-15212770.php

Comments

Popular Posts