L'Orchestre de Paris et le rêve de Sibelius

Musikzen
Marc Vignal
 19/10/2012

« J’ai rêvé la nuit dernière que Josef Haydn nous avait rendu visite chez nous », note Sibelius dans son journal le 11 juillet 1912, un an après avoir fait entendre son ascétique Quatrième Symphonie. Pourquoi Haydn plutôt que Beethoven, son dieu ? Sibelius nous ne le dit pas. II arrivait jadis au chef Thomas Beecham de programmer Haydn et Sibelius au même concert, et c’est probablement le cas, de nos jours, de Simon Rattle. Paavo Järvi et l’Orchestre de Paris l’ont fait, en commençant leur programme par la moins pittoresque et la plus rare des six Parisiennes, la symphonie n°84. Sa vigueur et ses subtilités étaient au rendez-vous, grâce notamment à un beau sens des nuances, à de soudaines et très efficaces plongées dans la nuance piano. Rien d’ascétique dans la Première de Sibelius, mais un romantisme d’ordre légendaire et individuel, ponctué par des déchainements orchestraux aux sonorités tranchantes. Le timbalier peut s’en donner à cœur joie, et Frédéric Macarez ne s’en est pas privé, frappant dur mais parvenant également donner à certains traits une dimension mélodique qu'on imaginait pas. Entre les deux, dans le 27ème concerto de Mozart, le vétéran Menahem Pressler a montré que son jeu n’avait rien perdu de ses qualités de précision et de mystérieux lyrisme. Il s’est surpassé dans les deux bis consacrés à Chopin, tenant littéralement la salle en haleine.

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