Lutosławski en lumières
Altamusica.com
Claude HELLEU
Le 24/01/2013
Concert de l’Orchestre de Paris sous la direction de Paavo Järvi, avec la participation du pianiste Krystian Zimerman à la salle Pleyel, Paris.
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Claude HELLEU
Le 24/01/2013
Concert de l’Orchestre de Paris sous la direction de Paavo Järvi, avec la participation du pianiste Krystian Zimerman à la salle Pleyel, Paris.
En hommage au centième anniversaire de la naissance de Witold
Lutosławski, l’Orchestre de Paris et son chef Paavo Järvi ont invité Krystian
Zimerman, compatriote du compositeur polonais, dédicataire et créateur de son
Concerto pour piano, à revenir l’interpréter pour le meilleur de sa texture et
l’absolu bonheur de ses auditeurs.
Bonheur de réentendre ce Concerto pour piano de Witold
Lutosławski par un Krystian Zimerman mûri pour le meilleur de son art.
Dédicataire et créateur de l’œuvre en août 1988 au festival de Salzbourg avec
l’Orchestre de la Radio autrichienne, il le joue pour la première fois dans la
capitale deux mois plus tard avec l’Orchestre de Paris sous la direction du
compositeur.
Souvenir magnifique pour ceux qui eurent le plaisir de découvrir lors de ce concert une partition unique en son genre dans une interprétation idéale, pianiste et compositeur tous deux polonais et complices de son histoire.
Vingt-cinq ans plus tard, la maturité de Krystian Zimerman parfait de sa maîtrise l’infinie palette des couleurs. Dès les premières mesures dans la partie haute du clavier, les notes s’irisent d’une lumière transparente et aqueuse, où les bois interviennent en dialogues riches de surprises.
Quand l’orchestre descend dans les graves, le piano demeure à son altitude, léger, magique. Et le ciel s’assombrit sans perdre pour autant sa luminosité. Nonchalance et fantaisie cohabitent. La sensualité du toucher, l’aisance de son articulation pénètrent et cisèlent, sa puissance souligne ou exalte le plus naturellement du monde des contrastes inattendus.
Une poursuite vertigineuse entre le piano et l’orchestre aboutit à un calme d’où émerge le chant du piano seul. Touches voluptueuses sous la pénétration du soliste. Les notes tenues chantent au plus profond de leur sonorité. Récital d’un engagement absolu avant le retour de l’orchestre.
Violence soudaine, magistrale opposition entre l’orchestre et le piano. Retour de la cantilène. Discours à deux voix, silences et notes brèves d’autant mieux perçus qu’ils ne sont qu’une étape étonnante sur le parcours des instruments. Un Presto ravageur le conclut après un fortissimo somptueusement exalté par Krystian Zimerman, son piano demeuré l’âme de ce concerto.
Dont le corps n’est pas moins beau, incarné par un Orchestre de Paris donnant tout à entendre de son parcours sous la direction de Paavo Järvi. Sans montrer la moindre fatigue, le pianiste ose en bis les rafales rageuses et les prouesses techniques audacieuses de la Deuxième Sonate de la compositrice polonaise Grazyna Bacewicz.
Auparavant, l’ouverture de Schumann, Genoveva, son romantisme enflammé sous la battue conquérante de Järvi, pèche par une certaine disparité des cordes. Alors qu’on dirait la Pastorale de Beethoven composée pour les bois de l’Orchestre de Paris.
Naturellement évocateurs, légers, précis, personnels, ils donnent toutes ses saveurs à la légèreté d’une orchestration mise en valeur par Paavo Järvi. Impressions poétiques et suggestions bucoliques nous ravissent dès l’Allegro ma non troppo. La Scène au bord du ruisseau enchante d’échos et frissons tels que l’analyse de Marcel Marnat les évoque dans le programme (une fois encore excellent). Les solos des vents y sont autant de voix ensorcelantes et le coucou légendaire y tient son rôle.
Plus de verve, en revanche, ne manquerait pas à l’Allegro du troisième mouvement et son Heureuse réunion de paysans avant le suspense, très réussi, du vide musical qui précède le fameux Orage, ce soir net, imagé, aux gradations dynamiques impressionnants à défaut d’engendrer la frayeur.
Clarinette et cors revenus apaiser la nature, Allegretto final d’une simplicité fluide jusqu’à son terme, non moins simplement majestueux, la Symphonie en fa majeur de Beethoven rayonne essentiellement des qualités exceptionnelles du pupitre des vents de l’Orchestre de Paris.
Souvenir magnifique pour ceux qui eurent le plaisir de découvrir lors de ce concert une partition unique en son genre dans une interprétation idéale, pianiste et compositeur tous deux polonais et complices de son histoire.
Vingt-cinq ans plus tard, la maturité de Krystian Zimerman parfait de sa maîtrise l’infinie palette des couleurs. Dès les premières mesures dans la partie haute du clavier, les notes s’irisent d’une lumière transparente et aqueuse, où les bois interviennent en dialogues riches de surprises.
Quand l’orchestre descend dans les graves, le piano demeure à son altitude, léger, magique. Et le ciel s’assombrit sans perdre pour autant sa luminosité. Nonchalance et fantaisie cohabitent. La sensualité du toucher, l’aisance de son articulation pénètrent et cisèlent, sa puissance souligne ou exalte le plus naturellement du monde des contrastes inattendus.
Une poursuite vertigineuse entre le piano et l’orchestre aboutit à un calme d’où émerge le chant du piano seul. Touches voluptueuses sous la pénétration du soliste. Les notes tenues chantent au plus profond de leur sonorité. Récital d’un engagement absolu avant le retour de l’orchestre.
Violence soudaine, magistrale opposition entre l’orchestre et le piano. Retour de la cantilène. Discours à deux voix, silences et notes brèves d’autant mieux perçus qu’ils ne sont qu’une étape étonnante sur le parcours des instruments. Un Presto ravageur le conclut après un fortissimo somptueusement exalté par Krystian Zimerman, son piano demeuré l’âme de ce concerto.
Dont le corps n’est pas moins beau, incarné par un Orchestre de Paris donnant tout à entendre de son parcours sous la direction de Paavo Järvi. Sans montrer la moindre fatigue, le pianiste ose en bis les rafales rageuses et les prouesses techniques audacieuses de la Deuxième Sonate de la compositrice polonaise Grazyna Bacewicz.
Auparavant, l’ouverture de Schumann, Genoveva, son romantisme enflammé sous la battue conquérante de Järvi, pèche par une certaine disparité des cordes. Alors qu’on dirait la Pastorale de Beethoven composée pour les bois de l’Orchestre de Paris.
Naturellement évocateurs, légers, précis, personnels, ils donnent toutes ses saveurs à la légèreté d’une orchestration mise en valeur par Paavo Järvi. Impressions poétiques et suggestions bucoliques nous ravissent dès l’Allegro ma non troppo. La Scène au bord du ruisseau enchante d’échos et frissons tels que l’analyse de Marcel Marnat les évoque dans le programme (une fois encore excellent). Les solos des vents y sont autant de voix ensorcelantes et le coucou légendaire y tient son rôle.
Plus de verve, en revanche, ne manquerait pas à l’Allegro du troisième mouvement et son Heureuse réunion de paysans avant le suspense, très réussi, du vide musical qui précède le fameux Orage, ce soir net, imagé, aux gradations dynamiques impressionnants à défaut d’engendrer la frayeur.
Clarinette et cors revenus apaiser la nature, Allegretto final d’une simplicité fluide jusqu’à son terme, non moins simplement majestueux, la Symphonie en fa majeur de Beethoven rayonne essentiellement des qualités exceptionnelles du pupitre des vents de l’Orchestre de Paris.
Concert de l’Orchestre de Paris sous la direction de Paavo Järvi, avec la participation du pianiste Krystian Zimerman à la salle Pleyel, Paris. |
Robert
Schumann (1810-1856) Genoveva, ouverture op. 81 Witold Lutosławski (1913-1994) Concerto pour piano Krystian Zimerman, piano Ludwig van Beethoven (1770-1827) Symphonie n° 6 en fa majeur op. 68, « Pastorale » Orchestre de Paris direction : Paavo Järvi |
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