HINDEMITH, LE MAL AIMÉ SECOURU PAR FRANK-PETER ZIMMERMANN ET PAAVO JÄRVI
Resmusica.com
Pierre-Jean Tribot
Le 16 juillet 2013
Paul Hindemith (1895-1963) : Concerto pour violon et orchestre et sonates pour violon. Frank-Peter Zimmermann, violon, Enrico Pace, piano ; Orchestre Symphonique de la Radio de Francfort, direction : Paavo Järvi. 1 CD BIS. Enregistré en 2009 et 2012. Notice de présentation en : anglais, français et allemand. Durée : 1h08’11
Pour l’instant, les 60 ans de la mort de Paul Hindemith n’ont pas franchement débouché sur des parutions de premier plan. Il faut dire que l’image de créateur austère, allemand de surcroit, continue, tristement, de lui coller à la peau et d’effaroucher artistes et programmateurs. Heureusement,Frank Peter Zimmermann, l’un des plus grands archers de notre époque lui consacre un disque entièrement dévolu aux sonates pour violon et au concerto.
Violoniste (puis altiste) lui-même, entré comme musicien à l’orchestre de l’Opéra de Francfort à dix-neuf ans, Hindemith possédait une maîtrise, assez unique, des possibilités expressives et techniques du violon.
Composé en 1939, alors que le compositeur était réfugié en Suisse, le Concerto pour violon témoigne d’une époque étouffante. La motorique de l’œuvre est puissante et traversée de déferlantes angoissées d’une masse orchestrale dense. Pourtant la partition présente un potentiel expressif rare à l’image des lignes du violon solo, âme perdue dans un univers sombre et orageux. La partition est taillée sur mesure pour la sonorité de diamant et la technique étincelante de Frank Peter Zimmermann, magnifiquement secondé par Paavo Järvi à la tête de ses forces de la Hesse. En analysant la discographie, on remarque que notre soliste s’impose le digne successeur d’Ivry Gitlis, David Oïstrakh ou Isaac Stern, musiciens qui possédaient ce concerto à leur répertoire au point de l’enregistrer.
Les Sonates pour violon témoignent des évolutions stylistiques d’Hindemith d’entre les Deux guerres. On commence ce parcours par un jeune compositeur, féru de culture : Brahms, Beethoven, Mozart, pour évoluer vers un style éminemment personnel aux climats angoissés qui fait la marque d’un compositeur témoin et acteur des tragédies de l’Histoire dont il est un grand narrateur.
Servi par une prise de son précise et rayonnante, ce disque est une pierre angulaire majeure apportée à notre connaissance de l’art de ce compositeur si humain par son récit musical des angoisses et des tensions de son époque. On espère que cette galette donnera des idées à d’autres musiciens ou programmateurs.
http://www.resmusica.com/2013/07/16/hindemith-le-mal-aime/
Pierre-Jean Tribot
Le 16 juillet 2013
Paul Hindemith (1895-1963) : Concerto pour violon et orchestre et sonates pour violon. Frank-Peter Zimmermann, violon, Enrico Pace, piano ; Orchestre Symphonique de la Radio de Francfort, direction : Paavo Järvi. 1 CD BIS. Enregistré en 2009 et 2012. Notice de présentation en : anglais, français et allemand. Durée : 1h08’11
Pour l’instant, les 60 ans de la mort de Paul Hindemith n’ont pas franchement débouché sur des parutions de premier plan. Il faut dire que l’image de créateur austère, allemand de surcroit, continue, tristement, de lui coller à la peau et d’effaroucher artistes et programmateurs. Heureusement,Frank Peter Zimmermann, l’un des plus grands archers de notre époque lui consacre un disque entièrement dévolu aux sonates pour violon et au concerto.
Violoniste (puis altiste) lui-même, entré comme musicien à l’orchestre de l’Opéra de Francfort à dix-neuf ans, Hindemith possédait une maîtrise, assez unique, des possibilités expressives et techniques du violon.
Composé en 1939, alors que le compositeur était réfugié en Suisse, le Concerto pour violon témoigne d’une époque étouffante. La motorique de l’œuvre est puissante et traversée de déferlantes angoissées d’une masse orchestrale dense. Pourtant la partition présente un potentiel expressif rare à l’image des lignes du violon solo, âme perdue dans un univers sombre et orageux. La partition est taillée sur mesure pour la sonorité de diamant et la technique étincelante de Frank Peter Zimmermann, magnifiquement secondé par Paavo Järvi à la tête de ses forces de la Hesse. En analysant la discographie, on remarque que notre soliste s’impose le digne successeur d’Ivry Gitlis, David Oïstrakh ou Isaac Stern, musiciens qui possédaient ce concerto à leur répertoire au point de l’enregistrer.
Les Sonates pour violon témoignent des évolutions stylistiques d’Hindemith d’entre les Deux guerres. On commence ce parcours par un jeune compositeur, féru de culture : Brahms, Beethoven, Mozart, pour évoluer vers un style éminemment personnel aux climats angoissés qui fait la marque d’un compositeur témoin et acteur des tragédies de l’Histoire dont il est un grand narrateur.
Servi par une prise de son précise et rayonnante, ce disque est une pierre angulaire majeure apportée à notre connaissance de l’art de ce compositeur si humain par son récit musical des angoisses et des tensions de son époque. On espère que cette galette donnera des idées à d’autres musiciens ou programmateurs.
http://www.resmusica.com/2013/07/16/hindemith-le-mal-aime/
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