Sibelius à Pleyel: 6+7=1
Musikzen.fr
Marc Vignal
31.01.2014
http://www.musikzen.fr/concerts---dependances/sibelius-a-pleyel----lt-br-gt-6---7---1/
Marc Vignal
31.01.2014
Existe-t-il
deux symphonies du même compositeur jouables à la suite l’une de
l’autre sans interruption, sans applaudissements entre les deux, avec
comme résultat non une simple juxtaposition mais une nouvelle entité
organique ? Paavo Järvi et l’Orchestre de Paris ont montré que oui, mais
cela constitue, dans le grand répertoire, un cas unique. Il s’agit des
deux dernières de Sibelius, les Sixième (1923) et Septième (1924). Elles sont contemporaines, mais cela ne suffit pas. En quatre mouvements, la Sixième
évite tout extrême et procède par touches transparentes, non sans
quelques accès de violence. Elle se termine aux limites du silence dans
un extraordinaire retrait en soi. « L’ombre s’étend », déclara Sibelius à ce propos. La Septième,
bloc monolithique en un seul mouvement, surgit des profondeurs et prend
fin sur une affirmation de sobre grandeur. On passe sans heurt d’une
symphonie à l’autre et surtout, la Septième - une vingtaine de minutes
sur un total de seulement une cinquantaine - apparaît comme l’imposant
finale d’une structure cohérente en cinq mouvements. Expérience d’autant
plus convaincante que Paavo Järvi s’est confirmé comme un interprète
hors pair de cette musique difficile. Il s’est aussi révélé comme
n’hésitant pas à jouer des tours à son public. Dans le finale de la
symphonie l’Ours (n°82) de Haydn, qui ouvrait le programme, il a
marqué bref un temps d’arrêt, sans pour autant baisser les bras, après
un épisode à l’arraché. Réaction immédiate : applaudissements
interrompant le discours musical, redoublés après la vraie conclusion du
morceau. Un concert où, décidément, on ne s’est pas ennuyé. Salle Pleyel, 30 janvier 2014 Photo © DR |
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