Le chef Paavo Järvi tourne le dos à Paris
Ledevoir.com
Christophe Huss
4/9/2014
Moins d’un mois après son passage au Festival de Lanaudière, le chef
d’orchestre Paavo Järvi a créé une onde de choc dans le milieu musical
français en annonçant qu’il quitterait la direction musicale de
l’Orchestre de Paris au terme de son contrat, à l’été 2016.
C’est donc à un directeur musical en partance auquel sera confié l’honneur d’inaugurer, le 15 janvier 2015, la Philharmonie de Paris, pharaonique nouvelle salle de concert de la capitale, dont les dépassements de coûts font les gorges chaudes des journalistes et commentateurs, et les luttes serrées entre des paliers gouvernementaux — ville et État — quant à savoir qui acquittera les factures.
Dans une lettre adressée à l’administration et aux musiciens de l’Orchestre de Paris, le chef estonien, soulignant son « attachement pour l’Orchestre de Paris » et sa « proximité avec ses magnifiques musiciens », annonce qu’il a pris cette décision « le coeur lourd » pour se consacrer à son nouveau mandat auprès de l’Orchestre symphonique de la NHK de Tokyo et au tandem qu’il forme avec la Deutsche Kammerphilharmonie (DKP) de Brême.
Ces raisons ne sont évidemment ni suffisantes ni déterminantes puisque Paavo Järvi, workaholic comme d’autres (Kent Nagano, par exemple), n’a jamais rechigné à cumuler des mandats et a toujours eu deux postes en plus de celui auprès de la DKP. Certains potineux y voient déjà un signe de disponibilité potentielle envoyé au Philharmonique de Berlin, qui se choisira un nouveau chef dans un an. Mais cette lourde décision est bien davantage, à notre sens, une immense gifle envoyée à la France et à la manière dont des roitelets et apparatchiks administrateurs y accaparent des pouvoirs décisionnaires.
Après une analyse réaliste de l’échiquier, Paavo Järvi ne sera pas, à terme, le bouffon à baguette de la Philharmonie de Paris, salle posée aux confins du Paris intra-muros, pendant que la capitale française bradera aux amuseurs publics la mythique salle Pleyel. Paavo Järvi vient de prendre une décision qui lui préservera beaucoup d’influx nerveux et de sérénité utiles à bien d’autres choses, musicalement plus constructives que des petites guéguerres de coulisses.
Il lui reste, dans les deux ans qui viennent, une inauguration de salle, une tournée en Chine, l’enregistrement d’une intégrale Sibelius et des concerts qui le feront amèrement regretter des mélomanes parisiens…
http://www.ledevoir.com/culture/musique/417533/musique-classique-le-chef-paavo-jarvi-tourne-le-dos-a-paris
Christophe Huss
4/9/2014
C’est donc à un directeur musical en partance auquel sera confié l’honneur d’inaugurer, le 15 janvier 2015, la Philharmonie de Paris, pharaonique nouvelle salle de concert de la capitale, dont les dépassements de coûts font les gorges chaudes des journalistes et commentateurs, et les luttes serrées entre des paliers gouvernementaux — ville et État — quant à savoir qui acquittera les factures.
Dans une lettre adressée à l’administration et aux musiciens de l’Orchestre de Paris, le chef estonien, soulignant son « attachement pour l’Orchestre de Paris » et sa « proximité avec ses magnifiques musiciens », annonce qu’il a pris cette décision « le coeur lourd » pour se consacrer à son nouveau mandat auprès de l’Orchestre symphonique de la NHK de Tokyo et au tandem qu’il forme avec la Deutsche Kammerphilharmonie (DKP) de Brême.
Ces raisons ne sont évidemment ni suffisantes ni déterminantes puisque Paavo Järvi, workaholic comme d’autres (Kent Nagano, par exemple), n’a jamais rechigné à cumuler des mandats et a toujours eu deux postes en plus de celui auprès de la DKP. Certains potineux y voient déjà un signe de disponibilité potentielle envoyé au Philharmonique de Berlin, qui se choisira un nouveau chef dans un an. Mais cette lourde décision est bien davantage, à notre sens, une immense gifle envoyée à la France et à la manière dont des roitelets et apparatchiks administrateurs y accaparent des pouvoirs décisionnaires.
Après une analyse réaliste de l’échiquier, Paavo Järvi ne sera pas, à terme, le bouffon à baguette de la Philharmonie de Paris, salle posée aux confins du Paris intra-muros, pendant que la capitale française bradera aux amuseurs publics la mythique salle Pleyel. Paavo Järvi vient de prendre une décision qui lui préservera beaucoup d’influx nerveux et de sérénité utiles à bien d’autres choses, musicalement plus constructives que des petites guéguerres de coulisses.
Il lui reste, dans les deux ans qui viennent, une inauguration de salle, une tournée en Chine, l’enregistrement d’une intégrale Sibelius et des concerts qui le feront amèrement regretter des mélomanes parisiens…
http://www.ledevoir.com/culture/musique/417533/musique-classique-le-chef-paavo-jarvi-tourne-le-dos-a-paris
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