EXPOSITION SYMPHONIQUE DE JÄRVI ET GOERNE À LA PHIL’
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22/05/2015
Stéphane Blemus
22/05/2015
Stéphane Blemus
Debussy, Mahler puis Moussorgski et Ravel… Promenade
musicale estivale pour l’Orchestre de Paris, mené par Paavo Järvi, avec pour
compagnon de route le baryton Matthias Goerne.
L’été s’installe, à Paris comme à la Philharmonie. Les
envies de voyage se multiplient, les occasions aussi. Ce mercredi 20 mai 2015
n’a pas été en reste, avec un programme invitant aux pérégrinations : La Mer
(1903-1905) de Claude Debussy, quelques Lieder de Gustav Mahler, et les fameux
Tableaux d’une exposition (1874) de Modest Moussorgski réinterprétés par
Maurice Ravel. Durant une soirée, le public parisien a été convié à la croisée
des 19ème et 20ème siècles. Epoque de haute créativité où les influences
s’affinent (l’orientalisme japonisant d’un Debussy, l’impressionnisme) et où la
modernité s’affirme.
Le voyage s’avère naval pour commencer, à travers La Mer de
Debussy. Composition marquante du début de 20ème siècle, l’œuvre est une ode
symphonique au tumulte des marées et aux vents changeants des horizons marins.
Ayant dévié de sa trajectoire de marin en devenir, Debussy n’en a pas moins
gardé une affection toute particulière pour l’univers maritime. Le premier
mouvement dépeint l’apparition lente du jour. Comme un clin d’œil à ses
affinités culturelles nippones, Debussy débusque l’apparition du soleil levant.
Au deuxième mouvement, la mélodie reflète les flux et reflux des vagues. Pour
finir, une sorte de ritournelle marine est jouée pour le troisième mouvement,
le souffle grandissant d’un son semblable au vent étant porté avec talent par
les instrumentistes à bois de l’Orchestre de Paris.
Matthias Goerne apparaît, avec Mahler, et pour notre
bonheur, afin de clore cette première partie. L’un des plus célèbres barytons
actuels interpelle dans sa langue natale des poèmes (Lieder) de Mahler. Son
mouvement sur scène tout en rondeur, en puissance et en finesse est accompagné
par l’Orchestre de Paris, sous le regard perçant du chef Järvi. Goerne suit
avec fidélité le cœur littéraire du compositeur. Les morceaux se succèdent
aussi rapidement que leurs styles : tantôt rageur, tantôt mélancolique, tantôt
dramatique. Toujours lyrique.
Après l’entracte, Järvi et son Orchestre de Paris gratifient
le public d’une performance simplement exceptionnelle des Tableaux d’une
exposition de Moussorgski. L’artiste russe avait composé avec son ami fidèle
Nikolaï Rimski-Korsakov cette série de partitions, publiée en version pour
piano en 1886. Iconoclaste et visionnaire, Ravel comprit très vite l’importance
de l’œuvre et travailla à son orchestration symphonique. Son interprétation,
réalisée en 1922, s’est imposée comme la version de référence pour orchestre.
Mercredi soir, Järvi a su parfaitement lier l’imaginaire populaire russe de
Moussorgski à la technique moderne française de Ravel. Les familles de bois, de
cuivres, les nombreuses percussions, les harpes se sont répondu entre elles. Le
vieux château, mouvement mélancolique, a donné lieu à un jeu intense au
saxophone. Toiles après toiles, l’exposition a bouleversé toute la Grande Salle
de la Philharmonie. Ce voyage d’un soir s’est terminé en apothéose par le
gigantisme du mouvement final, La grande porte de Kiev.
Programme :
Philharmonie de Paris, Grande Salle – Philharmonie 1
Mercredi 20 mai 2015, 20h30
Concert symphonique
Orchestre de Paris
Paavo Järvi, direction
Matthias Goerne, baryton
Claude Debussy
La Mer
Gustav Mahler
Lieder :
Kindertotenlieder (extrait) : Nun seh’ ich wohl, warum so
dunkle Flammen
Des Knaben Wunderhorn (extraits) : Nicht wiedersehen, Das
irdische Leben, Urlicht, Revelge
Lieder und Gesänge (extraits) : Zu Strassburg auf der
Schanz, Phantasie aus Don Juan
Entracte
Modest Moussorgski / Maurice Ravel
Tableaux d’une exposition
Visuel :© Paavo Jarvicg Uferas Odp
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