[Paris] Une question de feeling
Alexandra Diaconu (21/11/2009)
ResMusica.com
Paris, Salle Pleyel. 18-XI- 2009. Ludwig van Beethoven (1770- 1827) : Concerto pour violon et orchestre en ré majeur op. 61 ; Georges Bizet (1838- 1875) : Jeux d’enfants, petite suite d’orchestre op. 22 ; Symphonie en ut majeur. Janine Jansen, violon. Orchestre de Paris, direction : Paavo Järvi
A Paris, Janine Jansen contourne les sentiers battus. En sonate, dans une création contemporaine ou un concerto de Beethoven, rien dans ses débuts français ne ressemble à un plan de lancement pour virtuose. Répertoire audacieux, succès à l’international : pas étonnant que son Beethoven, récemment enregistré avec Paavo Järvi qui dirige ce soir l’Orchestre de Paris, puisse alimenter ici une polémique.
Mais l’artiste n’est ni à une transgression – lire transfiguration - près, ni dans le questionnement stérile. Et son interprétation l’est d’autant moins. Encore plus franche et cohérente que celle du disque, la version de ce soir doit sans doute beaucoup à l’Orchestre de Paris qui a su moduler style et sonorité vers une vision plus « baroque », sans perdre de sa rondeur ni de sa carrure. Tout en ne débordant jamais le cadre de la partition, Janine Jansen réussit un Beethoven inclassable : épuration baroque, épisodes enflammés, complexe ou contradictoire... Tout est exploré passionnément. On n’est pas ici dans l’exercice de style mais dans la sincérité la plus totale. Soliste et orchestre évoluent dans un univers très bien construit, fluide, poétique et céleste – même dans la jovialité pastorale du dernier mouvement –, qui se nourrit de détails, tous porteurs de sens. Une grande complicité lie la soliste au chef et trouve son apogée dans un Larghetto si soudé, si inspiré, que le violon s’est octroyé la liberté d’un chant d’oiseau.
Après ce Beethoven presque angélique, le retour sur terre est amorti avec panache et élégance mais dans un tout autre genre. Paavo Järvi conclue le programme en proposant quelques vignettes et la Symphonie en ut de Bizet. La plastique de l’orchestre est remarquable et le caractère instigué par le chef donne à ce répertoire comme à l’orchestre un charisme étonnant. La virtuosité, le phrasé mais aussi le soin apporté aux détails dans une écoute collégiale sont certes travaillés et montés comme une horloge mais le résultat apparaît simple et détendu. Comme un jeu d’enfant...
Une soirée aux dimensions intimes qui va pourtant laisser des traces.
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Paris, Salle Pleyel. 18-XI- 2009. Ludwig van Beethoven (1770- 1827) : Concerto pour violon et orchestre en ré majeur op. 61 ; Georges Bizet (1838- 1875) : Jeux d’enfants, petite suite d’orchestre op. 22 ; Symphonie en ut majeur. Janine Jansen, violon. Orchestre de Paris, direction : Paavo Järvi
A Paris, Janine Jansen contourne les sentiers battus. En sonate, dans une création contemporaine ou un concerto de Beethoven, rien dans ses débuts français ne ressemble à un plan de lancement pour virtuose. Répertoire audacieux, succès à l’international : pas étonnant que son Beethoven, récemment enregistré avec Paavo Järvi qui dirige ce soir l’Orchestre de Paris, puisse alimenter ici une polémique.
Mais l’artiste n’est ni à une transgression – lire transfiguration - près, ni dans le questionnement stérile. Et son interprétation l’est d’autant moins. Encore plus franche et cohérente que celle du disque, la version de ce soir doit sans doute beaucoup à l’Orchestre de Paris qui a su moduler style et sonorité vers une vision plus « baroque », sans perdre de sa rondeur ni de sa carrure. Tout en ne débordant jamais le cadre de la partition, Janine Jansen réussit un Beethoven inclassable : épuration baroque, épisodes enflammés, complexe ou contradictoire... Tout est exploré passionnément. On n’est pas ici dans l’exercice de style mais dans la sincérité la plus totale. Soliste et orchestre évoluent dans un univers très bien construit, fluide, poétique et céleste – même dans la jovialité pastorale du dernier mouvement –, qui se nourrit de détails, tous porteurs de sens. Une grande complicité lie la soliste au chef et trouve son apogée dans un Larghetto si soudé, si inspiré, que le violon s’est octroyé la liberté d’un chant d’oiseau.
Après ce Beethoven presque angélique, le retour sur terre est amorti avec panache et élégance mais dans un tout autre genre. Paavo Järvi conclue le programme en proposant quelques vignettes et la Symphonie en ut de Bizet. La plastique de l’orchestre est remarquable et le caractère instigué par le chef donne à ce répertoire comme à l’orchestre un charisme étonnant. La virtuosité, le phrasé mais aussi le soin apporté aux détails dans une écoute collégiale sont certes travaillés et montés comme une horloge mais le résultat apparaît simple et détendu. Comme un jeu d’enfant...
Une soirée aux dimensions intimes qui va pourtant laisser des traces.
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