Brahms version Paavo Järvi à Luxembourg
ResMusica
Dominique Adrian
19.06.2018
Un concert parfois stimulant, mais qui reste inabouti.
Très active en tournées, la Deutsche Kammerphilharmonie Bremen pose ses bagages à Luxembourg en compagnie de son directeur musical Paavo Järvi, qui la dirige depuis 2004 en complément de ses autres activités, et c’est à Brahms que les musiciens consacrent la totalité de leur programme.
Pour le double concerto, c’est à Christian et Tanja Tetzlaff que sont confiées les parties solistes, deux artistes qui, en solo ou en quatuor, apportent toujours au-delà de la technique un goût de l’expérimentation qui porte souvent ses fruits. Ce soir, les audaces et les essais sont bien là, souvent intéressants, mais l’ensemble, orchestre compris, ne prend pas vraiment. C’est particulièrement voyant dans le finale, moins vivace que haché, le souci de souligner l’énergie rythmique venant empêcher l’avancée du flux musical. L’intelligence musicale des deux interprètes et le timbre de rêve de Christian Tetzlaff trouvent bien des occasions de s’exprimer, mais on ne peut s’empêcher de trouver que tout ceci ne fait pas un ensemble cohérent, un violon, un violoncelle et un orchestre jouant un peu chacun pour soi et ne se retrouvant que par moments. Il faut donc attendre le bis de cette première partie pour retrouver, naturellement chez Kodály, toute la magie du timbre et toute la délicatesse interprétative des deux solistes : un peu tard, mais toujours appréciable.
La seconde partie, consacrée à la Symphonie n°2, est non sans défauts, mais beaucoup plus convaincante. La Kammerphilharmonie ne fait pas partie de ces grandes formations internationales qui voient se succéder les chefs : au cours de leur long compagnonnage, Paavo Järvi en a fait une plateforme où il peut explorer un style plus nerveux, plus coloré, avec un plaisir visible pour une animation dynamique et rythmique qui peut faire penser, dans d’autres répertoires, au travail des « baroqueux ». Ce n’est pas toujours convaincant, parce que les lignes s’en trouvent parfois troublées, notamment dans les mouvements rapides, et c’est moins convaincant que ce que les mêmes artistes pouvaient proposer dans leur travail sur les symphonies de Beethoven ; mais ce Brahms vivant, coloré et libre, très en marge par rapport aux traditions interprétatives de l’œuvre, a une séduction réelle.
Dominique Adrian
19.06.2018
Un concert parfois stimulant, mais qui reste inabouti.
Très active en tournées, la Deutsche Kammerphilharmonie Bremen pose ses bagages à Luxembourg en compagnie de son directeur musical Paavo Järvi, qui la dirige depuis 2004 en complément de ses autres activités, et c’est à Brahms que les musiciens consacrent la totalité de leur programme.
Pour le double concerto, c’est à Christian et Tanja Tetzlaff que sont confiées les parties solistes, deux artistes qui, en solo ou en quatuor, apportent toujours au-delà de la technique un goût de l’expérimentation qui porte souvent ses fruits. Ce soir, les audaces et les essais sont bien là, souvent intéressants, mais l’ensemble, orchestre compris, ne prend pas vraiment. C’est particulièrement voyant dans le finale, moins vivace que haché, le souci de souligner l’énergie rythmique venant empêcher l’avancée du flux musical. L’intelligence musicale des deux interprètes et le timbre de rêve de Christian Tetzlaff trouvent bien des occasions de s’exprimer, mais on ne peut s’empêcher de trouver que tout ceci ne fait pas un ensemble cohérent, un violon, un violoncelle et un orchestre jouant un peu chacun pour soi et ne se retrouvant que par moments. Il faut donc attendre le bis de cette première partie pour retrouver, naturellement chez Kodály, toute la magie du timbre et toute la délicatesse interprétative des deux solistes : un peu tard, mais toujours appréciable.
La seconde partie, consacrée à la Symphonie n°2, est non sans défauts, mais beaucoup plus convaincante. La Kammerphilharmonie ne fait pas partie de ces grandes formations internationales qui voient se succéder les chefs : au cours de leur long compagnonnage, Paavo Järvi en a fait une plateforme où il peut explorer un style plus nerveux, plus coloré, avec un plaisir visible pour une animation dynamique et rythmique qui peut faire penser, dans d’autres répertoires, au travail des « baroqueux ». Ce n’est pas toujours convaincant, parce que les lignes s’en trouvent parfois troublées, notamment dans les mouvements rapides, et c’est moins convaincant que ce que les mêmes artistes pouvaient proposer dans leur travail sur les symphonies de Beethoven ; mais ce Brahms vivant, coloré et libre, très en marge par rapport aux traditions interprétatives de l’œuvre, a une séduction réelle.
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