Un Américain à Paris (Nicholas Angelich)
Installé en France depuis plus de 20 ans, le pianiste Nicholas Angelich est considéré comme une des grandes figures de la nouvelle génération.
Un Américain à Paris
Par Richard Boisvert
Le Soleil, 01 décembre 2006
Avec Nicholas Angelich, la Société du Palais Montcalm fait découvrir au public québécois un musicien encore peu connu ici mais dont la carrière est déjà importante en Europe. Né aux États-Unis, installé en France depuis plus de 20 ans, le pianiste est considéré comme une des grandes figures de la nouvelle génération. Le Soleil l’a joint à Paris. Extraits.
Q: Nicholas Angelich, vous considérez-vous plutôt Français ou plutôt Américain ?
NA: Je suis Américain, je tiens à le dire. Je suis né à Cincinnati. Mes parents y habitent toujours. À 13 ans, je suis venu passer le concours d’entrée au Conservatoire. Ma mère m’accompagnait. Elle s’est occupée de moi pendant 10 ans puis elle est repartie. J’ai eu beaucoup de chance de l’avoir.
Q: Les critiques parlent abondamment de votre sonorité, de vos nuances, etc., mais beaucoup moins de la liberté que vous prenez avec le mouvement, de la perspective que vous conservez par rapport au tempo, choses qu’on sent pourtant très bien chez vous.
NA: Alexis Weissenberg m’a dit un jour que ce qui l’intéressait dans mon jeu, plus que les couleurs, c’était la sensation de l’espace et du temps. Je crois que l’interprétation est vivante. Le fait de jouer « tout droit » ne met pas forcément en valeur la structure. Maria Callas prenait de grandes libertés avec les phrases. En même temps, elle avait un sens de la perspective incroyable. C’est cette liberté qui m’intéresse.
Q: Pour votre récital, vous passerez des opus 12 et 18 du jeune Schumann aux opus 116 et 118 du vieux Brahms. C’est toute une trajectoire, n’est-ce pas ?
NA: Toute une trajectoire en effet. On est dans la folie schumanienne, avec ses fulgurances, puis dans le regard très intime et très lucide que pose Brahms sur bien des choses de la vie, avec ce sens de l’amertume et de la nostalgie. Ce sont des œuvres emblématiques. On y trouve une force et une grande folie créatrices.
Q: Ces œuvres de Brahms figureront-elles sur un prochain disque ?
NA: J’ai un disque de l’ensemble des derniers opus (116 à 119) qui sort en janvier chez Virgin Classics.
Q: À quand les deux concertos de Brahms ?
NA: Je vais les enregistrer avec (le chef) Paavo Järvi et l’orchestre de Francfort (Sinfonieorchester Frankfurt). On commencera par le premier, au mois de février.
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