Intensité spirituelle
Altamusica.com
Claude Helleu
05/06/2014
Concert de l’Orchestre de Paris sous la direction de Paavo Järvi avec la participation de la soprano Marita Solberg et du baryton Matthias Goerne à la salle Pleyel, Paris.
http://www.altamusica.com/concerts/document.php?action=MoreDocument&DocRef=5453&DossierRef=5010
Claude Helleu
05/06/2014
Concert de l’Orchestre de Paris sous la direction de Paavo Järvi avec la participation de la soprano Marita Solberg et du baryton Matthias Goerne à la salle Pleyel, Paris.
Elle nous mène du Tombeau
resplendissant de Messiaen, œuvre de jeunesse habitée de sa foi
catholique, à la grandeur du célèbre Requiem allemand de Brahms,
luthérien imprégné des Écritures. Un requiem dont le Chœur de
l’Orchestre de Paris, particulièrement inspiré, l’Orchestre de Paris et
les solistes sous la direction de Paavo Järvi irradient la ferveur.
Olivier Messiaen a 23 ans quand il compose le Tombeau resplendissant.
Après sa création en 1933 sous la direction de Pierre Monteux, le
compositeur s’oppose à toute publication et exécution de cette œuvre de
jeunesse sans en donner les raisons. Les textes qui éclairent les quatre
parties de cette sorte de poème symphonique révèleraient-ils des
connotations trop intimes ?
L’œuvre fut à nouveau rendue publique deux ans après la mort de son auteur, à partir de 1994. Elle faisait mercredi et ce soir son entrée au répertoire de l’Orchestre de Paris.
Ma jeunesse est morte, c’est moi qui l’ai tuée… Violence et netteté percutante de la colère annoncée, accords secs d’un forte d’emblée si soutenu qu’il ne peut monter. Lui succède un moment de douceur rêveuse où s’enchantent les bois. Revient l’angoisse : Fureur, où me conduis-tu ? Le déchirement du tissu orchestral mène à l’élévation du quatrième épisode portée par les cordes graves vers les Bienheureux qui ont le cœur pur, car ils verront Dieu. Lyrisme pudique au diminuendo parfait.
Brahms a choisi lui-même dans la Bible qu’il lisait régulièrement les citations de son Requiem. Il le voulait en langue allemande, se démarquant des autres messes des morts toutes en latin et d’inspiration catholique. Situé entre le Requiem de Berlioz et celui de Verdi, le Requiem allemand de Brahms n’a pas leur théâtralité. Sa spiritualité n’en témoigne pas moins d’une grandeur exaltante quand ses interprètes l’habitent.
Entré tel un murmure sur la mélodie des violoncelles et altos, le Chœur de l’Orchestre de Paris est le premier à nous émouvoir. La joie promise par Saint Matthieu couronne son recueillement. En parfaite osmose avec l’orchestre, cuivres rayonnants sachant aussi se fondre aux autres pupitres, bois aériens, les musiciens ne vont cesser de nous garder au sein de leur ferveur.
Sous la direction de Paavo Järvi, le dramatisme jamais appuyé, l’espérance toujours lumineuse, l’amertume toujours nuancée, la sérénité toujours victorieuse, pupitres solidaires d’un chœur aux couleurs timbrées, à l’élocution claire, exaltent en toute simplicité les rapports de l’humanité et du Seigneur. Y battent tels ceux d’un cœur les martèlements d’un timbalier admirable.
Mortel parmi les autres, Matthias Goerne mêle son souffle et son humilité à ces psaumes. Le baryton projette sobrement un texte dont il fait sienne la sagesse philosophe. Marita Solberg prend un peu plus de temps à assurer la joie promise par Saint Jean et sa consolation, ses aigus mordorés sur le Chœur en écho demeuré assis.
Retour au combat de la vie contre la mort : avec sa citation de l’Apocalypse, la sixième des sept parties, la plus puissante, trombones en tête, la seule quelque peu comparable au Dies irae catholique, se refuse néanmoins à des visions terrifiantes. Conclu dans une sérénité mystique, de la vie terrestre à la vie éternelle l’intensité du Requiem allemand repose sur sa densité. Une densité riche ce soir de toutes ses nuances.
L’œuvre fut à nouveau rendue publique deux ans après la mort de son auteur, à partir de 1994. Elle faisait mercredi et ce soir son entrée au répertoire de l’Orchestre de Paris.
Ma jeunesse est morte, c’est moi qui l’ai tuée… Violence et netteté percutante de la colère annoncée, accords secs d’un forte d’emblée si soutenu qu’il ne peut monter. Lui succède un moment de douceur rêveuse où s’enchantent les bois. Revient l’angoisse : Fureur, où me conduis-tu ? Le déchirement du tissu orchestral mène à l’élévation du quatrième épisode portée par les cordes graves vers les Bienheureux qui ont le cœur pur, car ils verront Dieu. Lyrisme pudique au diminuendo parfait.
Brahms a choisi lui-même dans la Bible qu’il lisait régulièrement les citations de son Requiem. Il le voulait en langue allemande, se démarquant des autres messes des morts toutes en latin et d’inspiration catholique. Situé entre le Requiem de Berlioz et celui de Verdi, le Requiem allemand de Brahms n’a pas leur théâtralité. Sa spiritualité n’en témoigne pas moins d’une grandeur exaltante quand ses interprètes l’habitent.
Entré tel un murmure sur la mélodie des violoncelles et altos, le Chœur de l’Orchestre de Paris est le premier à nous émouvoir. La joie promise par Saint Matthieu couronne son recueillement. En parfaite osmose avec l’orchestre, cuivres rayonnants sachant aussi se fondre aux autres pupitres, bois aériens, les musiciens ne vont cesser de nous garder au sein de leur ferveur.
Sous la direction de Paavo Järvi, le dramatisme jamais appuyé, l’espérance toujours lumineuse, l’amertume toujours nuancée, la sérénité toujours victorieuse, pupitres solidaires d’un chœur aux couleurs timbrées, à l’élocution claire, exaltent en toute simplicité les rapports de l’humanité et du Seigneur. Y battent tels ceux d’un cœur les martèlements d’un timbalier admirable.
Mortel parmi les autres, Matthias Goerne mêle son souffle et son humilité à ces psaumes. Le baryton projette sobrement un texte dont il fait sienne la sagesse philosophe. Marita Solberg prend un peu plus de temps à assurer la joie promise par Saint Jean et sa consolation, ses aigus mordorés sur le Chœur en écho demeuré assis.
Retour au combat de la vie contre la mort : avec sa citation de l’Apocalypse, la sixième des sept parties, la plus puissante, trombones en tête, la seule quelque peu comparable au Dies irae catholique, se refuse néanmoins à des visions terrifiantes. Conclu dans une sérénité mystique, de la vie terrestre à la vie éternelle l’intensité du Requiem allemand repose sur sa densité. Une densité riche ce soir de toutes ses nuances.
Salle Pleyel, Paris Le 22/05/2014 Claude HELLEU | |||
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