Paavo Järvi dirige la jeune María Dueñas devant l’Orchestre de Paris

ResMusica

Vincent Guillemin 

3.10.2022

Photo credits: Lewis Joly


Paavo Järvi retrouve à la Philharmonie un Orchestre de Paris qu’il emporte bien mieux seul dans les œuvres purement symphoniques, qu’avec la jeune violoniste María Dueñas pour le concerto.




Un Norvégien, un Russe et un Danois dans un programme de Järvi, cela n’aurait pu être que de Neeme il y a encore quelques années, même si la Symphonie n° 2 de Nielsen réinterprétée en cette fin septembre était déjà apparue au répertoire de l’Orchestre de Paris grâce à Paavo, il y a maintenant dix-huit ans. Plus libre dans le geste qu’auparavant et devant une formation dont le son est plus chaud, avec un peu plus de volume, le fils offre à présent d’enthousiastes Prélude de l’Acte I puis Suite n° 1 de Peer Gynt d’Ervard Grieg, bien suivi par des cordes souples conduites par la première violon invitée Michelle Ross, elles-mêmes très bien secondées par des bois éclatants et des cuivres étincelants.

On pouvait alors attendre autant du Concerto pour violon de Tchaïkovski de la part d’un chef certes peu romantique, mais qui avait su, par exemple dans le n°1 pour piano du même compositeur deux ans plus tôt, décupler la vigueur de la pianiste Beatrice Rana afin de toujours exalter la partition. Malheureusement, si María Dueñas possède la même dextérité pour le violon, encore faudrait-il qu’elle s’en serve pour s’écouter et écouter l’orchestre. Car pour le moment, la jeune soliste ne sait qu’avancer, trop rapidement, sur-accentuant la chanterelle de son Stradivarius prêté pendant deux ans, qu’elle aurait dû percevoir comme trop aigu pour ne pas l’appuyer à outrance sur cette partie du spectre.

En plus de ne jamais chercher à s’adapter à l’orchestre ou à dialoguer avec les autres musiciens, elle ne tente pas plus de proposer d’intention, se contentant de débiter des croches à la mesure et d’éreinter son archet dans les deux allegros, puis de jouer doucement – et donc plus assez fort – dans l’Andante, comme si le fait de moins appuyer le crin allait suffire à rendre délicat le propos. Dommage là encore, quand on entend la qualité des bois pour tenter de lui répondre, toujours bien maintenus dans une ligne que Paavo Järvi se contente de surveiller, conscient, dès les premiers instants, que son travail ne consistera qu’à adapter l’ensemble au legato permanent de la violoniste espagnole.


L’arrangement pour violon de Recuerdos de la Alhambra de Francisco Tárrega offert en bis répond aux applaudissements nourris du public, visiblement comblé par le déferlement de notes de Dueñas, quand on préfèrera pour notre part la maîtrise du matériau orchestral de la seconde partie, une Symphonie n° 2 de Nielsen vivante, traitée dans sa masse pour évoquer sans les dessiner totalement Les Quatre Tempéraments. Commencée avec l’Allegro collerico, l’œuvre se poursuit avec un plus calme Allegro comodo e flemmatico, écrit sur un rythme de valse seulement perturbé un instant. L’Andante malincolico aggrave encore le propos, cependant toujours ironique et à présent superbement porté par les cors et le hautbois solo, tandis que le finale, Allegro sanguinoso, redonne de la vigueur à l’ensemble, toujours emmené avec soin par Järvi.

Après deux soirs à la Philharmonie, les mêmes sans la soliste se retrouvaient le samedi sous la voûte du Musée d’Orsay, pour les deux pièces symphoniques.




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