Adolescence d’un prodige

Altamusica.com
Claude HELLEU
15/09/2011

Sous la direction de Paavo Järvi, l’Orchestre de Paris a brillamment ouvert sa saison dans un programme des plus classiques, l’ouverture du Corsaire de Berlioz et la Cinquième Symphonie de Beethoven entourant le Premier Concerto de Chopin, étonnamment interprété par un adolescent génial de seize ans, Jan Lisiecki.

L’événement du concert d’ouverture de l’Orchestre de Paris, sous la direction de son chef attitré, Paavo Järvi, était la présence du jeune pianiste Jan Lisiecki, enfant prodige devenu un adolescent de seize ans. Ce grand, mince, blond et beau jeune homme en smoking a pris possession du clavier et de la salle avec une aisance de professionnel patenté pour un éblouissant moment de piano dans le Premier Concerto de Chopin.

La clarté du jeu, la finesse et la fermeté du toucher, les nuances de la sonorité, riche et variée, l’expressivité des voix qu’il fait chanter sur tout le piano, l’indépendance des mains ou leur fusion, la virtuosité lumineuse, le feu contrôlé, le jeu de pédales, léger, idéal, tout est déjà merveilleusement abouti. De temps en temps une fausse note nous rassure cependant que très droit, immobile, son engagement l’absorbe dans une sorte de tête-à-tête avec Chopin.

Qu’un orchestre soit son partenaire ne le concerne guère. Celui-ci s’affirme à l’occasion non sans une certaine pesanteur, mais Paavo Järvi semble plutôt compréhensif devant le narcissisme souvent débridé de son superbe soliste. Qui enchaîne en bis une valse de Chopin irrésistible, puis, malheureusement, une Arietta de Bach interprétée comme ses Chopin.

C’est dans l’ouverture du Corsaire de Berlioz que l’Orchestre de Paris avait fait feu de tous ses pupitres, visiblement heureux de commencer sa saison par une œuvre aussi virtuose, conquérante et jubilatoire sous la direction de Paavo Järvi. Et c’est dans une Cinquième Symphonie de Beethoven prodigieusement enlevée qu’il se retrouvera soudé à son chef.

Un unisson serré, fort, cravaché pour nous saisir, nous emporter et nous garder tout au long de l’œuvre irradiée par ces trois brèves une longue. Paavo Järvi alterne et mêle aussi bien émotions et protestations de l’œuvre sans jamais faillir à sa dynamique. Clacissisme et romantisme s’exaltent mutuellement, l’élan continu refuse tout effet dramatisant, le rythme impose sa tension jusque dans les pianissimi fascinants et la légèreté de l’Andante.

Et si certains cuivres parfois et pour une fois ont un peu déçu dans le Finale, la trajectoire triomphale de cette interprétation a donné tout à entendre de la passionnante aventure musicale voulue par son auteur – une aventure menée bien au-delà d’un simple combat contre un destin dont Beethoven entend rester le maître.

Concert de l’Orchestre de Paris sous la direction de Paavo Järvi, avec la participation de Jan Lisiecki à la salle Pleyel, Paris.
Hector Berlioz (1803-1869)
Le Corsaire, ouverture
Frédéric Chopin (1810-1849)
Concerto pour piano n° 1 en mi mineur op. 11
Jan Lisiecki, piano
Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Symphonie n° 5 en ut mineur op. 67
Orchestre de Paris
direction : Paavo Järvi


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