Paavo Järvi inspiré par trois compositeurs russes

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26/10/2013Paris. Salle Pleyel. 23-X-2013. (1804-1857) : Russlan et Ludmilla, ouverture. (1840-1893) : Concerto pour piano n°1 en si bémol mineur, op.23. (1891-1953) : Symphonie n°5 en si bémol majeur, op.100. , piano. , direction : .
Trois compositeurs russes étaient au programme de ce concert de l’ emmené par son chef titulaire , dont on présageait d’une interprétation pleine d’imagination de la plus grande des symphonies de Prokofiev qui allait clore la soirée. Mais avant cela, selon le découpage classique, nous allions entendre une ouverture et un concerto.
L’ouverture fut celle de l’opéra Russlan et Ludmilla de Glinka, sans doute un de ses morceaux les plus populaires et connus du grand public, même s’il peut en ignorer le nom de l’auteur. Lancé sur un tempo de fou et poursuivi sans relâche jusqu’à l’accord final, cette ouverture a surtout permis à l’orchestre de montrer ses qualités, le chef ayant poussé ses pupitres aux limites de leur capacité, tutoyant voire parfois dépassant le cap où le phrasé cédait la place à la pure énergie. Ce fut incontestablement une belle démonstration de l’orchestre tout entier, qui sut aller aux limites sans se désunir ni perdre en couleur; jubilatoire.
Dans le, sans doute rabâché et cheval de bataille de presque tous les pianistes russes, Concerto pour piano n°1 de Tchaïkovski nous retrouvions les doigts puissants du pianiste américain d’origine russe . L’accord entre chef et pianiste marchait à plein dans cette interprétation virile mais sans dureté, n’hésitant pas à user ressources romantiques mais toujours avec mesure ce qui évita à ce concerto ses deux principaux écueils, dégouliner d’intentions surlignées ou devenir une séance de « piano forte ». Le long Allegro non troppo e molto maestoso, quasi concerto à lui tout seul avec son alternance vif lent vif, ne s’en porta que mieux, les deux autres mouvements étant plus « faciles ». Les choix de tempo des différents épisodes s’avérèrent toujours judicieux, les transitions d’une impeccable souplesse évitèrent toute rupture de ton, l’équilibre dynamique entre le piano et l’orchestre fut idéal. Expressivement, le pianiste nous parut globalement convaincant tout en nous semblant rester un poil en deçà de l’idéal, par contre l’orchestre fut brillant, par moment absolument saisissant, nous emportant avec lui en quasi apnée jusqu’à ce qu’il nous relâche. Des cordes aux cuivres en passant par les bois, tous furent excellent et donnèrent une couleur toujours expressive à cette œuvre qui en a fondamentalement besoin faute de quoi elle risque d’être lourde et longue. Ce qui ne fut pas le cas ce soir. Yefim Bronfman enchaîna deux bis à la grande satisfaction du public, concluant par une délicieuse sonate de Scarlatti, mais intercalant avant cette conclusion un Precipitato final de la Sonate n°7 de Prokofiev manquant de tension et de direction, totalement infidèle à son titre.
Incontestable chef-d’œuvre symphonique de Prokofiev, la Symphonie n°5 allait trouver en Paavo Järvi une baguette souple et imaginative qui allait lui donner un caractère plus solaire et lumineux que de coutume, ou l’optimisme l’emportait sur le pessimisme. Si, du coup, elle ne nous pris pas à la gorge à nous faire peur, elle réussit admirablement à nous transmettre le caractère jubilatoire qu’elle contient aussi. Grâce à sa direction imprévisible autant qu’inspirée, le chef nous maintint constamment sur le qui-vive, jusqu’à l’Alleggo giocoso qui lui allait comme un gant, et dont le titre résume fort bien l’esprit de cette version servie par une des plus belles prestations de l’Orchestre de Paris, qui pourtant ces derniers temps n’en est pas avare, augurant fort bien de la toute prochaine tournée de l’orchestre aux pays du soleil levant.
Crédit photographique : Paavo Järvi © DR
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