Concert inaugural de l'Orchestre de Paris

Par Christian Merlin
Le Figaro
14/09/2010


À sa tête, le chef estonien Paavo Järvi, qui en prend la direction musicale cette rentrée

Mercredi soir sera le coup d'envoi d'un mariage et d'une aventure. Certes, le chef et les musiciens se connaissent déjà : le maestro estonien a plusieurs fois dirigé l'Orchestre de ­Paris. Mais une chose est d'être chef invité, une autre d'être directeur musical. Il s'agit cette fois de construire ensemble sur la durée, plus seulement de faire des étincelles une fois par an. Et ce travail de fond, l'Orchestre de Paris en a besoin. Car on ne peut pas dire que Christoph ­Eschenbach, en dix ans, se soit révélé un grand bâtisseur d'orchestre. Les dernières années ont même été parfois douloureuses. Paavo Järvi n'a jamais aimé être chaque semaine dans une ville différente : à 48 ans, il s'est toujours lié pendant de longues années avec un petit nombre d'orchestres. Il ne travaille pas dans l'esbroufe : son énergie est grande mais concentrée, son bras aussi efficace que son cerveau. Un homme simple et clair, peu expansif en apparence (effet trompeur, sans doute, de sa ressemblance avec Vladimir Poutine), mais en réalité très chaleureux. Les attentes sont grandes : si l'Orchestre s'est parfois montré démotivé ces dernières années, on sentait à la moindre occasion que son potentiel et son envie ne demandaient qu'à être réveillés. Paavo Järvi en est capable : il exigera beaucoup - ce que les instrumentistes français n'aiment pas toujours - mais il le fera dans un rapport de confiance et de respect. En retour, le panache des musiciens français fera peut-être fondre la glace que l'on sent encore dans une direction dont la maîtrise nuit parfois à la spontanéité.

Un programme symbole

Le programme du concert inaugural est souvent une déclaration d'intention pour un directeur musical. Celui de Paavo Järvi est bien représentatif de trois grands axes de sa direction : la musique française, la musique nordique et… la curiosité ! Sibelius, c'est le lait maternel du chef balte. Paul Dukas, c'est celui de l'Orchestre. Et tant La Péri que Kullervo sont deux œuvres aussi superbes que rarement jouées.

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