Paavo Järvi à la tête de l’Orchestre de Paris
Par Michèle Tosi
18/09/10
ResMusica.com
Paris, Salle Pleyel. 15-IX-2010. Paul Dukas (1830-1935) : La Péri ; Jean Sibelius (1865-1957) : Kullervo. Soile Isokoski, soprano ; Juha Uusitalo, baryton ; Chœur National d’hommes d’Estonie, Chœur de l’Orchestre de Paris (chef de chœur : Andrus Siimon), Orchestre de Paris, direction : Paavo Järvi
« Ma première saison offre un très large répertoire avec beaucoup de musique française ». Le ton est ainsi donné par Paavo Järvi qui prenait officiellement ses fonctions à la tête de l’Orchestre de Paris ce mercredi 15 septembre ; si l’affiche rarissime de Kullervo de Sibelius dont le chef estonien a gravé une version de référence chez Emi Classics faisait l’événement de cette soirée d’ouverture, on attendait avec un certain intérêt la version Järvi de La Péri de Paul Dukas, cette dernière pièce orchestrale peu jouée du maître français qui fut crée en 1912 au Théâtre du Châtelet avec décors, costumes et chorégraphie puisqu’il s’agit, à l’origine, d’un « poème dansé ». Sans doute manquait-il à la salle Pleyel tous ces ors pour réchauffer l’atmosphère et restituer le sensualisme de cette page symphonique d’une vingtaine de minutes qui laissa une image un peu pâle sous le geste élégant mais un rien distant du chef estonien. Les cuivres sont un peu fébriles dès la célèbre Fanfare qui débute la partition et l’on taxerait presque la musique de Dukas d’académique dans cette interprétation trop lisse où les détails de l’orchestration frisent parfois le maniérisme.
L’installation en arrière scène du magnifique chœur d’hommes (celui d’Estonie et de l’Orchestre de Paris) pour la deuxième œuvre au programme changeait la donne dans la seconde partie de la soirée. Kullervo est une imposante fresque narrative pour solistes, chœur et orchestre (1890-91) dont Sibelius emprunte le texte aux chants 31 à 36 du poème épique du Kalevala : on doit au folkloriste et médecin Elias Lönnrot cette compilation d’anciennes légendes recueillies dans les campagnes finlandaises – en Carélie majoritairement - dont la dimension fantastique et le verbe haut en couleurs pour évoquer la douleur du monde peuvent rappeler ce qu’est en Allemagne le Knabenwunderhorn. Cette symphonie avec chœur et orchestre en cinq numéros alternant mouvements orchestraux purs (1, 2 et 4) et parties vocales (3 et 5) n’est d’ailleurs guère éloignée de la conception mahlérienne qui prévaut dès la seconde symphonie Résurrection.
L’œuvre raconte le destin funeste de Kullervo, fils de Kalervo, parti collecter l’impôt pour son père, qui, sur le chemin du retour, séduit « la jeune vierge aux cheveux blonds » et abuse d’elle sans savoir qu’elle est sa propre sœur ; fou de douleur et de honte lorsqu’il le découvre, Kullervo se donne la mort. Les deux premiers mouvements nous plongent dans une atmosphère sombre et confinée, vrillée par d’obsessionnels ostinati, qui contraste avec les grands espaces déployés par le compositeur finlandais dans ses symphonies à venir. La direction très investie de Järvi donne tout son relief à une orchestration pour le moins singulière, fourmillant de trouvailles originales ;
Pour en savoir plus, cliquez ici:
http://www.resmusica.com/article_8515_musique_symphonique_orchestre_de_paris_paris_paavo_jarvi_a_la_tete_de_l_orchestre_de_paris.html
18/09/10
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Paris, Salle Pleyel. 15-IX-2010. Paul Dukas (1830-1935) : La Péri ; Jean Sibelius (1865-1957) : Kullervo. Soile Isokoski, soprano ; Juha Uusitalo, baryton ; Chœur National d’hommes d’Estonie, Chœur de l’Orchestre de Paris (chef de chœur : Andrus Siimon), Orchestre de Paris, direction : Paavo Järvi
« Ma première saison offre un très large répertoire avec beaucoup de musique française ». Le ton est ainsi donné par Paavo Järvi qui prenait officiellement ses fonctions à la tête de l’Orchestre de Paris ce mercredi 15 septembre ; si l’affiche rarissime de Kullervo de Sibelius dont le chef estonien a gravé une version de référence chez Emi Classics faisait l’événement de cette soirée d’ouverture, on attendait avec un certain intérêt la version Järvi de La Péri de Paul Dukas, cette dernière pièce orchestrale peu jouée du maître français qui fut crée en 1912 au Théâtre du Châtelet avec décors, costumes et chorégraphie puisqu’il s’agit, à l’origine, d’un « poème dansé ». Sans doute manquait-il à la salle Pleyel tous ces ors pour réchauffer l’atmosphère et restituer le sensualisme de cette page symphonique d’une vingtaine de minutes qui laissa une image un peu pâle sous le geste élégant mais un rien distant du chef estonien. Les cuivres sont un peu fébriles dès la célèbre Fanfare qui débute la partition et l’on taxerait presque la musique de Dukas d’académique dans cette interprétation trop lisse où les détails de l’orchestration frisent parfois le maniérisme.
L’installation en arrière scène du magnifique chœur d’hommes (celui d’Estonie et de l’Orchestre de Paris) pour la deuxième œuvre au programme changeait la donne dans la seconde partie de la soirée. Kullervo est une imposante fresque narrative pour solistes, chœur et orchestre (1890-91) dont Sibelius emprunte le texte aux chants 31 à 36 du poème épique du Kalevala : on doit au folkloriste et médecin Elias Lönnrot cette compilation d’anciennes légendes recueillies dans les campagnes finlandaises – en Carélie majoritairement - dont la dimension fantastique et le verbe haut en couleurs pour évoquer la douleur du monde peuvent rappeler ce qu’est en Allemagne le Knabenwunderhorn. Cette symphonie avec chœur et orchestre en cinq numéros alternant mouvements orchestraux purs (1, 2 et 4) et parties vocales (3 et 5) n’est d’ailleurs guère éloignée de la conception mahlérienne qui prévaut dès la seconde symphonie Résurrection.
L’œuvre raconte le destin funeste de Kullervo, fils de Kalervo, parti collecter l’impôt pour son père, qui, sur le chemin du retour, séduit « la jeune vierge aux cheveux blonds » et abuse d’elle sans savoir qu’elle est sa propre sœur ; fou de douleur et de honte lorsqu’il le découvre, Kullervo se donne la mort. Les deux premiers mouvements nous plongent dans une atmosphère sombre et confinée, vrillée par d’obsessionnels ostinati, qui contraste avec les grands espaces déployés par le compositeur finlandais dans ses symphonies à venir. La direction très investie de Järvi donne tout son relief à une orchestration pour le moins singulière, fourmillant de trouvailles originales ;
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