La musique de scène de Peer Gynt de Grieg a fait une brillante entrée au répertoire de l’Orchestre de Paris, dirigé par Paavo Järvi
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Bruno Serrou
24 Mai 2012
Ce qui a été le cas dès le début du concert commencé avec l’ouverture de l’opéraMaskarade (1905) d’un autre nordique, le Danois Carl Nielsen (1865-1931), qui signe ici une page d’une énergie magistrale où les violons sont rois. Cette courte pièce préludait auConcerto n° 2 pour piano et orchestre op. 102 de Dimitri Chostkovitch dont l’interminable mouvement lent encadre deux allegros d’une vivacité certes singulière mais sans intérêt autre que la vélocité digitale du soliste. Occasion des débuts avec l’Orchestre de Paris du pianiste géorgien Alexander Toradze, célébré dans le monde pour ses enregistrements des concertos de Prokofiev sous la direction de Valery Gergiev, dont la technique s’avère irréprochable, l’engagement irréfutable, le jeu simple et délié, mais qui aura distillé l’ennui dans l’Andante central du concerto, d’autant plus qu’il en a rajouté en le reprenant en bis dans un tempo lentissississime…
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Bruno Serrou
24 Mai 2012
Paris, Salle Pleyel
Neeme Järvi en avait enregistré l’intégrale avec le Chœur et l’Orchestre
Symphonique de Göteborg à la fin des années 1980. Quinze ans plus tard, son
fils Paavo Järvi l’inscrit au répertoire de l’Orchestre de Paris et de son
chœur. Il aura donc fallu attendre très longtemps pour que l’un des
chefs-d’œuvre de la musique du XIXe siècle apparaisse enfin à
l’affiche dans l’intégralité de sa partition. Un chef-d’œuvre venu de Norvège,
conçu pour illustrer l’une des plus grandes épopées de l’histoire du théâtre,
la musique de scène qu’Edvard Grieg (1843-1907) composa pour le Peer
Gynt d’Henrik Ibsen (1828-1906). Une musique de scène de plus de
quatre vingt minutes pour chanteurs solistes, chœur mixte et grand orchestre
commandée par le dramaturge au compositeur, de vingt ans son cadet, en vue de
la création de sa grande farce satirico-philosophico-épique en cinq actes le 24
février 1876 à Christiania. Connue essentiellement par les deux belles suites
que Grieg en tira pour le concert (la Suite n° 1 est au
répertoire de l’Orchestre de Paris depuis 1994), l’ensemble de la musique de
scène est des plus passionnantes, et il est regrettable qu’elle ne soit pas
davantage proposée en concert, car, aujourd’hui, aucun théâtre dramatique n’a
les moyens de s’offrir une production de la pièce avec la musique de scène
telle que l’ont envisagés les auteurs, l’orchestre requis étant trop
conséquent, à l’instar de la masse chorale.
Henrik Ibsen, Nina Grieg, Ole Bull, Edvard Grieg
La concordance sans doute
fortuite des deux concerts de cette semaine de l’Orchestre de Paris avec la
programmation de la pièce d’Ibsen actuellement à l’affiche de la Comédie
Française est heureuse pour qui veut se plonger dans ce grand œuvre, symbole de
la Norvège entière. La comédie d’Ibsen conte les péripéties d’un jeune vaurien,
Peer Gynt, antihéros prétentieux et hardi, qui, de méfaits en malversations,
erre en quête de son identité et qui finira par connaître la rédemption grâce à
l’amour de la belle Solveig. Celle-ci lui révèlera les secrets de la vie au
moment où il rendra son dernier soupir. Des quelques vingt-cinq numéros que
compte la partition de Grieg, Paavo Järvi en a proposé vingt-deux, en
supprimant apparemment trois (à en croire l’enregistrement de Neeme Järvi), un
au deuxième acte, un autre au quatrième et un troisième au dernier. Les textes
de liaison ont été conçus par le chef et par le directeur artistique de
l’Orchestre de Paris. Des textes confiés à un récitant, le jeune comédien
Arnaud Denis, omniprésent (il campe également le personnage de Peer Gynt),
responsable de quelques décalages et parfois envahissant, certaines de ses
interventions mordant sur la musique, une musique pourtant bien plus
intéressante que les mots qui lui sont confiés, tandis que le chant
alterne traduction française et original norvégien. La distribution réunie pour
cette première à l’Orchestre de Paris s’est avérée excellente, jusqu’aux plus
petites interventions solistes venues du chœur. Chantant dans son jardin d’une
voix lumineuse et aérienne, la soprano norvégienne Mari Eriksmoen a incarné une
Solveig rayonnante et magnifique de bienveillance, tandis que la mezzo-soprano
allemande Ann Hallenberg s’est avérée une Anitra sensuelle et narquoise. Aurore
Bucher, Laura Holm et Cécile Achille en bergères ont complété avec justesse le
plateau féminin, tandis que le Chœur de l’Orchestre de Paris, particulièrement
vivant et homogène hier soir, s’est imposé comme un personnage aux multiples
facettes. Quant à l’Orchestre de Paris, porté par la direction enflammée et
conquérante mais ferme et précise de Paavo Järvi, il a brillé de tous ses feux,
tout pupitre confondu, à commencer par l’alto solo Ana Bela Chaves, et par le
premier violon solo Roland Daugareil, ainsi que les pupitres solistes des bois,
particulièrement le clarinettiste Pascal Moraguès. Mais tous seraient à citer,
ce qui dit combien la phalange parisienne est en forme.Ce qui a été le cas dès le début du concert commencé avec l’ouverture de l’opéraMaskarade (1905) d’un autre nordique, le Danois Carl Nielsen (1865-1931), qui signe ici une page d’une énergie magistrale où les violons sont rois. Cette courte pièce préludait auConcerto n° 2 pour piano et orchestre op. 102 de Dimitri Chostkovitch dont l’interminable mouvement lent encadre deux allegros d’une vivacité certes singulière mais sans intérêt autre que la vélocité digitale du soliste. Occasion des débuts avec l’Orchestre de Paris du pianiste géorgien Alexander Toradze, célébré dans le monde pour ses enregistrements des concertos de Prokofiev sous la direction de Valery Gergiev, dont la technique s’avère irréprochable, l’engagement irréfutable, le jeu simple et délié, mais qui aura distillé l’ennui dans l’Andante central du concerto, d’autant plus qu’il en a rajouté en le reprenant en bis dans un tempo lentissississime…
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