CD REVIEW: Beethoven Symphonies 3 &8

25 July 2007



ClassicsToday.com 10/10




Here is a wonderful review of Paavo's latest Beethoven Symphonies instalment!



LUDWIG VAN BEETHOVENSymphonies n° 3 et 8 Deutsche Kammerphilharmonie Bremen Paavo Järvi RCA- 88697 00655 2(SACD)Référence: Gielen (Vox et EMI); Scherchen (Westminster); Karajan 1977 (DG)


Si vous avez lu l'éditorial dans lequel je traite Paavo Järvi de "Nouveau Grand-Prêtre de Beethoven" ce commentaire ne sera pas une surprise pour vous. À paraître en Amérique du Nord le 31 juillet 2007 (en même temps que les intégrales de ce tandem à New York et Chicago), récemment paru en Europe, ce SACD, premier volet d'une intégrale, est ce qui est arrivé de plus fulgurant sur le marché beethovénien depuis les versions Scherchen et Harnoncourt.
Il y a évidemment lieu de détailler par le menu la fulgurance visionnaire (car ce Beethoven est avant tout fulgurant et visionnaire) des interprétations beethovéniennes de Paavo Järvi, mais on ne va pas s'appesantir longuement. Si vous ne me croyez pas lorsque je vous dis que ce disque est purement et simplement frappé du sceau du génie, tant pis pour vous et passez à autre chose. Car il y a des moments, rarissimes dans une vie de critique, où on entend une interprétation à propos de laquelle on se dit que toutes les respirations, tous les tempos, tous les phrasés, toutes les couleurs jusqu'au moindre dosage de la timbale, sont le très exact reflet de ce qu'on a toujours voulu entendre dans une oeuvre. Par rapport à mon parcours musical, mes goûts, mon imaginaire, l'Héroïque et la Huitième de Beethoven par Paavo Järvi représentent exactement cela.
Les éléments majeurs en sont les suivants. L'Héroïque est, à la base, la symphonie de l'espoir français de Beethoven, au moment où il envisage d'aller quêter la reconnaissance à Paris. Cette destination a une notable influence sur l'orchestration, le rôle des cuivres et timbales, mais, plus que tout, sur l'esthétique du 2e mouvement: une marche dans une couleur proche des Gossec et autres Méhul, mais avec, en prime, le génie de Beethoven. Järvi en concert avance la timbale dans l'orchestre, sur la droite. Les couleurs sont uniques dans toute la discographie, riche pourtant sans doute de deux cent versions.
On pourrait avoir peur que l'approche soit très "rentre dedans" (violente) avec des pets de cuivres ici ou là. Mais la musicalité racée de Paavo Järvi nous évite tout cela: cela reste du Beethoven et ne tient pas de l'agitation baroquisante. De fait, les cordes gardent la primauté, le reste agissant en coloration de cette masse en perpétuel mouvement (ici la Huitième devient une étude sur l'imbrication des lignes et motifs, souvent en syncope d'ailleurs).
Le Beethoven de Järvi est vif, mais pas d'une vivacité crispée. Il y a un sens de la cinétique et de l'accumulation d'énergie que l'on trouve très rarement ailleurs (écoutez la dernière minute du 3e mouvement de l'Héroïque ou la fulgurance inimaginable des volets extrêmes de la Huitième). Paavo Järvi ne fait aucune concession: les pizzicatos du Finale de la 3e Symphonie sont a tempo. Tant dans le 1er mouvement que dans le Finale des symphonies on n'observe pas le moindre relâchement alors que l'heure n'est même pas à la tension; elle est à la surtension! À noter que le thème du Finale de l'Héroïque est joué par un concertino de cordes. De toutes manières ce disque est inépuisable. On l'écoute trois fois, six fois, neuf fois... C'est à chaque reprise encore meilleur que le souvenir qu'on en avait.
Le grand frisson dispensé par ce SACD tient au double fait que, par bonheur pour un chef souvent meilleur en vrai qu'au disque, les prestations immortalisées sont très précisément le reflet de ce qu'on peut vivre en concert et que l'orchestre qu'il dirigé joue le jeu à fond. Aucun musicien blasé ne pourrait suivre un tel rythme. C'est la MUSIQUE à son plus physique, à son plus entier, à son plus génial.
--Christophe Huss

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