Musikfest Opus 131 - Aufbrüche in der Musik Die Deutsche Kammerphilharmonie Bremen Dienstag 23. September 2014 20:00, Großer Saal
Fazil Say (c) Marco Borggreve
Paavo Järvi Leitung Fazil Say Klavier
Ludwig van Beethoven Ouvertüre zum Ballett "Die Geschöpfe des Prometheus" c-Moll op. 43Wolfgang Amadeus Mozart Klavierkonzert Nr. 23 A-Dur KV 488Johannes Brahms Sinfonie Nr. 2 D-Dur op. 73
19:00 Großer Saal Vorkonzert und Einführungsgespräch FAZIL SAY Klavier Berg, Sonate h-Moll op.1 Moderation: Hans-Jürgen Linke
Sein Name lässt sich mit „Vorausdenker“ übersetzen. Er ist das Sinnbild für den aus sich selbst heraus schöpfenden Menschen: Prometheus. Ludwig van Beethoven war fasziniert von dieser rebellischen Gestalt der griechischen Mythologie und überzeugt davon, dass seine eigene Kunst jedem Hörer ein Stück prometheischen Geist mit auf den Weg geben könne. Beim Konzert der Deutschen Kammerphilharmonie Bremen steht mit Beethoven und Mozart die Wiener Klassik im Zentrum – jene bedeutende Epoche, die für Solokonzert, Sonate, Streichquartett und Sinfonie Konventionen formuliert hat, welche für Generationen ihre Gültigkeit haben sollten, doch nicht zuletzt von Beethoven im gleichen Atemzug schon wieder in Frage gestellt wurden. In einem Vorkonzert begibt sich Fazil Say an einen wichtigen Wendepunkt der Musikgeschichte, markiert von den Komponisten der sogenannten „Zweiten Wiener Schule“. In Alban Bergs erster Klaviersonate lässt es sich förmlich spüren, wie sie als völlig freies Klavierstück gründlich mit einer Gattung aufräumt, deren Namen sie dennoch trägt.
Mit freundlicher Unterstützung der DZ Bank und der Gesellschaft der Freunde der Alten Oper Frankfurt
C'est avec un brin de tristesse que l'on a
assisté à l'ouverture de saison de l'Orchestre de Paris, après l'annonce
faite en août par Paavo Järvi – via Facebook
– qu'il ne renouvellerait pas son mandat après la saison 2015-2016.
Tristesse que dissipe le dialogue intact des musiciens et de leur chef :
le Concerto pour violon de Brahms reçoit une lecture vive et
imaginative, drue et tout en nervures, peut-être au détriment de la
chaleur romantique du son. Maxim Vengerov (dont c'est
le retour à l'Orchestre de Paris) rayonne désormais avec une intensité
plus mature et intérieure, moins tournée que naguère vers le brillant
immédiat – encore qu'il en reste des traces dans sa propre cadence pour
l'Allegro non troppo ! Le phrasé de l'Adagio, les échanges avec les bois sont superlatifs. Et en bis, la Méditation de Thaïs distille des inflexions et des respirations dignes d'un chanteur.
Dernière saison de Paavo Järvi à Paris
Un mécanisme orchestral ténébreux envahit ensuite une Symphonie n° 3
de Roussel coulée sans ambages dans un métal digne de Prokofiev – ce
qui se comprend –, mais avec un sérieux peut-être excessif (Vivace, Allegro con spirito). Il tourne à la saturation dans La Valse. Appuyée, alternant linéarité et creusement (accents, contrastes), elle s'assimile à un Sacre du printemps
ravélien. Même Chostakovitch n'est pas si loin, tant sensualité
organique et mystère cèdent le pas à l'éruption obsessionnelle de la
matière – si style et esthétique interrogent, l'engagement est total,
l'impact incontestable. Main droite ferme et agile de Xavier Philips
La semaine suivante, Järvi imprègne les Métaboles
de Dutilleux d'une lumière plus minérale – un éclairage encore
différent de ceux de Gergiev, Rattle ou Gatti. Vision détaillée et
moderniste, tendue mais toujours organique, attentive aux rapports de
tempo comme à l'unité des longs tapis de cordes. Le Concerto pour violoncelle
de Lalo hérite ensuite d'une lecture presque rugueuse, aux volumes
puissants : Xavier Philips en délivre une vision d'une très haute
maîtrise, plutôt sombre de timbre, très concentrée (justesse impeccable,
main droite ferme et agile à la fois... une nécessité ici). Elle va de
l'avant sans jamais faiblir, tout en différenciant toujours subtilement
climats et phrasés (prolongés en bis par la Serenata de la Suite pour violoncelle seul n°1 de Britten). Expériences musicales marquantes
Comme un fait attendu, le chef porte ensuite au triomphe une Symphonie n° 5
de Tchaïkovski fervente et altière – rien de sentimental ni de
complaisant, mais un climat authentique posé d'emblée par deux
clarinettes extraordinairement nuancées. Début captivant, auquel répond
le solo de cor de l'Andante cantabile con alcuna licenza, dont
deux légers accrocs ne ternissent en rien la sensibilité ni la justesse
de phrasé. Les jeux de réponse du quatuor, la profondeur des
violoncelles et contrebasses, l'impeccable architecture d'ensemble
obéissent à un élan passionné et contagieux, jusqu'à une conclusion
naturellement flamboyante. Oui, on peut avoir des regrets pour l'avenir.
Mais dans l'immédiat, vivons ces expériences musicales marquantes dont
l'Orchestre de Paris et Paavo Järvi sont aujourd'hui coutumiers. Paavo Järvi et l'Orchestre de Paris. Paris, Salle Pleyel, les 11 et 17 septembre.
ClassicalMusicNews.ru Виктор Александров 27/09/2014
Пааво Ярви. Фото – ean Christophe Uhl
В рамках международного музыкального фестиваля Opus 131,
продолжающегося в эти дни во Франкфурте на Майне, на сцене Alte Oper
выступил Немецкий камерный филармонический оркестр под управлением Пааво
Ярви.
В афише форума участвуют выдающиеся музыканты и коллективы
современности: Берлинский филармонический оркестр под управлением
Саймона Рэттла, Лондонский филармонический оркестр с Владимиром
Юровским, «Музыканты Лувра» и Марк Минковский, Хаген-квартет и многие
другие.
Для Немецкого камерного филармонического оркестра и Пааво Ярви это
был первый концерт нового сезона. В программе гастролей прозвучали
произведения И. Брамса, В. А. Моцарта и Л. Бетховена, чья увертюра к
балету «Творения Прометея» была сыграна особенно дерзновенно.
В 23-м концерте для фортепиано с оркестром В. А. Моцарта солировал
турецкий пианист и композитор Фазиль Сай. Он гастролирует по всему миру,
исполняет камерную музыку в ансамбле со скрипачкой Патриcией
Копачинской и виолончелисткой Соль Габеттой, струнным квартетом
«Борусан» из Стамбула; среди других партнеров Сая по сцене – Юрий
Башмет, Шломо Минц, Максим Венгеров.
Фазиль Сай сотрудничает с выдающимися дирижерами современности:
Антонио Паппано, Пааво Ярви, Зубином Метой, Юрием Темиркановым, Куртом
Мазуром, Саймоном Рэттлом, Владимиром Федосеевым, Элиаху Инбалом.
Творческий альянс Сая с Пааво Ярви увенчался большим успехом.
Фазиль Сай. Фото – Marco Borggreve
Интерпретация пианиста знаменитого концерта Моцарта оказалась
свободной, лишенной оков академизма. Сай играл Моцарта так, как он
воспринимает его музыку сегодня, как будто сочинение только что
появилось на свет. Пианист даже подпевал себе, сидя за роялем.
В скором времени Фазиля Сая услышат в моцартовском цикле сонат на
Зимнем Зальцбургском фестивале «Mozartwoche». Оркестр под управлением
Пааво Ярви чутко следовал за солистом, передавая тончайшие грани эмоций
моцартовского шедевра.
Вторая симфония И. Брамса, завершившая концерт, поразила своей
монументальностью и внушительным размахом. Пааво Ярви добился от
оркестра предельной сыгранности, безупречного ощущения формы и
ансамблевой дисциплины. Каждая из частей брамсовского цикла
воспринималась как откровение. После бурного финала симфонии Немецкий
камерный филармонический оркестр Бремена и Пааво Ярви порадовали публику
двумя Венгерскими танцами И. Брамса.
Музыканты играли с невероятной самоотдачей и энтузиазмом, всецело
погружаясь в стихию национального мелоса и фольклора. Фестиваль Opus 131
продлится во Франкфурте на Майне до 5 октября.
Публику ожидают множество концертов, фильмов, спектаклей, симпозиумов, а также встреч со знаменитыми исполнителями.
Independent.co.uk
Andy Gill
22/03/2014 Paavo Jarvi Jorg Widmann: Armonica (Pan Classics)
Paavo Järvi is one of the busiest contemporary conductors, working
here with the Frankfurt Radio Symphony Orchestra on a programme
combining three pieces by Jorg Widmann with complementary works by
Mauricio Kagel, Beat Furrer and Peter Ruzicka. The latter’s “Clouds” is
an accumulation of sonic droplets and mist into a torrential downpour,
while Kagel’s Etude No 3 offers a Stravinskian cacophony of horns. But
it’s Widmann’s title track that stands out: inspired by Mozart’s
interest in the glass harmonica, it features a blend of strings,
accordion and tuned percussion emulating that instrument’s long, keening
tones, everything shaped “lightly and vitreously... like a musical
suspension of gravity”, as Widmann describes it.
****
Altamusica.com
Claude Helleu
10/09/2014 Concert de
rentrée de l’Orchestre de Paris sous la direction de Paavo Järvi, avec
la participation du violoniste Maxim Vengerov à la salle Pleyel, Paris.
Après un Concerto pour violon de Brahms au parcours solaire sous l’archet de Maxim Vengerov, Paavo Järvi et l’Orchestre de Paris mettent la musique française à l’honneur avec la Troisième Symphonie d’Albert Roussel et La Valse de Maurice Ravel lors de leur concert de rentrée, des plus brillants, à la salle Pleyel.
Bassons et cordes graves imposent leur sonorité profonde pour accueillir le Stradivarius-Kreutzer 1727 de Maxim Vengerov. En parfait accord avec les pupitres de l’Orchestre de Paris, partageant avec Paavo Järvi à leur tête un engagement tranquille et assuré, le violoniste va irradier leur parcours du Concerto de Brahms.
Aussi sobrement véhémente que méditative, naturellement maîtresse de ses difficultés, son aisance imprègne l’expressivité d’un phrasé qui peu à peu s’enflamme, s’exacerbe en une cadence somptueuse écrite par l’interprète et idéalement conclue dans le retour de l’orchestre sollicité pour un chant fusionnel.
L’Adagio s’épanouit en émerveillements heureux. La mélodie inspirée du hautbois introduit des instruments à vent ici solistes complices du violon et de son élévation dans la lumière. Cette interprétation solaire mène à une fête finale jubilatoire. Entrain des rythmes chers à Brahms, influence tzigane des danses, allégresse de s’y donner : le Finale consacre la vitalité de ce lyrisme aux bonheurs rayonnants.
Paavo Järvi avait consacré la seconde partie du programme de ce concert de rentrée à la musique française. Un choix des plus intéressants pour écouter enfin certaines œuvres trop ignorées de notre patrimoine, telle la Symphonie n° 3 en sol mineur d’Albert Roussel. Composée en 1929-1930, son dynamisme la rend immédiatement séduisante, d’autant que Järvi et l’Orchestre de Paris, au mieux de son homogénéité, font leur son apparente spontanéité Allegro vivo, n’hésitant pas à pimenter parfois de quelques traits irrévérencieux la détermination de sa liberté.
Un style fugué aux bois à la fête dans l’Adagio, des cuivres et des cordes non moins captivés : brassé par son chef, l’orchestre s’en donne à cœur joie dans une ambiance jubilatoire. Vivace, Allegro con spirito, la clarté, la concision de l’écriture et de l’interprétation nous ravissent. Fantaisie et originalité inspirent les virtuosités provocantes, l’insolence souriante d’une composition à l’ampleur affirmée et dont la rigueur étaye l’imagination.
En contrepoint à l’expressivité audacieuse résolument assumée par tous et chacun, la cantilène du violon solo avec la clarinette, le basson et les cors nous offre un délicieux moment de romantisme avant l’exaltation finale qui couronne ces pages remarquables de transparence et d’éclats instrumentaux.
Et c’est l’entrée saisissante dans le mystère de temps en suspens… Contrebasses pianissimo, retenue, embryons de phrases, promesse et attente avant que La Valse de Ravel prenne son élan, bientôt « tournoiement fantastique et fatal ». Le kaléidoscope des sonorités, les vertiges rythmiques, les ruptures percutantes et les glissandi inquiétants ensorcellent.
Magistral à la tête d’un Orchestre de Paris survolté, aussi implacable que la musique qu’il dirige, Paavo Järvi habite l’esprit du chef-d’œuvre d’un Ravel plus fascinant que jamais. Démoniaque juste ce qu’il faut, ne se hâtant jamais pour mieux prendre feu, maître de la morbidité omniprésente, aux aguets de la catastrophe immanente et tout à l’ivresse de la sensualité dévastatrice, il propulse vers nous les arrachements de cette Valse fiévreuse, qu’elle nous entraîne à sa suite dans ses hallucinations.
In each episode of Sarah’s Music, Sarah Willis shares some of her
personal classical music highlights. This time she recommends "The
Beethoven Project".
"The Beethoven Project" is a documentary which follows the Die Deutsche
Kammerphilharmonie Bremen and their chief conductor, Paavo Järvi, as
they prepare to perform and record all nine Beethoven symphonies. The
film shows the orchestra in rehearsal, in concert and backstage and
conveys their infectious enthusiasm for the music.
The 4-DVD set "The Beethoven Project" is produced by Deutsche Welle. It
includes the documentary film and the complete performances of the
Beethoven Symphonies and is available from Sony Music.
brunoserrou.blogspot Bruno Serrou 18/09/2014 Paavo Järvi et l'Orchestre de Paris. Photo : DR
C’est sur une partition, Métaboles, du compositeur français qui l’a le plus accompagné depuis sa création en 1967, Henri Dutilleux, que l’Orchestre de Paris a ouvert son deuxième concert de la saison 2014-2015, qui a été précédée par l’annonce par Paavo Järvi, son directeur musical en personne, de son départ en juin 2016 vers les cieux japonais. Charles Munch, le fondateur de la phalange parisienne et qui fut un proche de Dutilleux, dirigea non seulement la création de sa Symphonie n° 2 « Le Double » alors qu’il était le patron de l’Orchestre Symphonique de Boston, mais inscrivit aussi ses Métaboles dès la première saison de l’Orchestre de Paris, qui donnera deux ans plus tard la première mondiale du concerto pour violoncelle Tout un monde lointain sous la direction de Serge Baudo, qui avait été l’assistant de Munch, fruit d’une commande de Mstislav Rostropovitch. Composées en 1964, les cinq pièces aux titres évocateurs (Incantatoire, Linéaire, Obsessionnel, Torpide, Flamboyant) qui s’imbriquent les unes dans les autres pour constituer Métaboles, œuvre pour grand orchestre avec bois et cuivres par quatre et dix contrebasses, sont le fruit d’une commande de George Szell pour le cinquantième anniversaire de l’Orchestre de Cleveland, qui en a donné la première exécution mondiale le 14 janvier 1965. La partition est conçue à la façon d’un concerto pour orchestre, chacune des parties, dont la formule initiale subit une succession de métamorphoses, privilégiant une famille spécifique d’instruments, bois, cordes, percussion, cuivres, avant d’être toutes réunies dans le finale. Le chef estonien et son orchestre français en ont donné une interprétation souple et aérée mais manquant parfois d’allant, Järvi préférant laisser sonner les pupitres solistes, il est vrai tous plus délectables les uns que les autres, tandis que les textures des tutti se sont avérées particulièrement fluides.
Xavier Phillips. Photo : DR
L’œuvre concertante qui a suivi est très fréquentée par les apprentis violoncellistes mais peu jouée au concert. Il est vrai qu’elle a clairement davantage une essence scholastique que créatrice et musicale, même sous l’archet du plus musicien des violoncellistes français, Xavier Phillips. Bien que plus significatif que son concerto pour violon, le Concerto pour violoncelle et orchestre en ré mineur qu’Edouard Lalo composa en 1876. Surtout connu à l’opéra pour son Roi d’Ys et au concert pour sa Symphonie espagnole, la création du compositeur lillois connaît depuis une dizaine d’années un frémissement de résurrection. Le concerto pour violoncelle, qui a déjà figuré par deux fois au programme de l’Orchestre de Paris (1978 avec Paul Tortelier, 2011 avec Marc Coppey) compte trois mouvements dans lesquels le soliste ne cesse que fort rarement de jouer. Chacun alterne des épisodes vif-lent-vif, le mouvement initial étant précédé d’un séduisant prélude marqué Lento dont la rythmique gouverne la partition entière tel un leitmotiv. L’amour du compositeur nordique pour l’Espagne imprègne naturellement l’œuvre dans sa globalité dont le caractère populaire est ponctué dans l’Intermezzo central de passages d’une profonde mélancolie où l’instrument soliste peut s’épancher dans une véritable rêverie. Xavier Phillips, toujours très concentré mais au jeu d’une générosité prodigue, a transcendé les vingt-cinq minutes de ce concerto de ses sonorités de braise, par l’ampleur de ses respirations, sa gestique concentrée mais large au service d’un chant d’une générosité communicative, l’Orchestre de Paris lui érigeant un tapis à l’étoffe onctueuse. En bis, le violoncelliste français a donné le troisième mouvement de la Suite n° 1 pour violoncelle de Benjamin Britten « pour rester dans l’esprit espagnol de Lalo », climat suscité par des pizzicati joués comme sur une immense guitare.
Beaucoup plus fréquentée que le concerto de Lalo, appartenant au répertoire symphonique le plus populaire, la Symphonie n° 5 en mi mineur op. 64 (1888) de Tchaïkovski qui a occupé toute la seconde partie de la soirée a figuré au programme du concert que l’Orchestre de Paris et Paavo Järvi ont donné au Festival d’Aix-en-Provence le 5 juillet dernier en hommage à Patrice Chéreau. Le « destin » « sans espoir » que le compositeur dépeint dans cette partition est sombre et douloureux, mais aussi empreint d’une lumière plus ou moins consolatrice qui perce de l’obscurité la plus noire. Paavo Järvi en a donné une interprétation tendue comme un arc malgré les pauses entre les mouvements qui ont amoindri les aspérités autobiographiques de l’homme Tchaïkovski pour mieux en souligner la science de l’orchestration et le sens des couleurs propres au compositeur russe. Les musiciens de l’Orchestre de Paris ont ainsi pu briller sans relâche, rivalisant de sonorités et de virtuosité, l’atmosphère ombrée étant plantée dès le début par le chant onctueux des deux clarinettes. La direction exaltée et exaltante de Järvi a soulagé l’œuvre de son pathos excessif, mais l’on eut apprécié davantage d’allant et de grincements dans la Valse, tandis que le chant du mouvement lent est apparu merveilleusement humain, alors que le finale a atteint une suprême unité. A souligner les splendides solos de clarinettes, de cor, basson, de somptueux traits d’altos et de violoncelles, précis dans le rythme souvent complexe à réaliser.
Réunir dans
un même programme Brahms et la musique française peut paraître antithétique. On
connaît le cri du cœur adressé par le musicien allemand au jeune Henri Büsser
venu lui rendre visite à Vienne : « Il n’y a pas de compositeur
français. » Depuis, du temps s’est écoulé tant sur les bords du
Danube que sur ceux de la Seine ...
En ouverture
de saison de l’Orchestre de Paris, le célèbre Concerto en ré majeur de
Brahms brille de tous ses feux sous l’archet impérial de Maxim Vengerov qui n’a
rien perdu de son art souverain. Générosité de son, maîtrise technique (y
compris dans les redoutables déplacements de l’Allegro non troppo initial),
cadence personnelle d’une difficulté impressionnante, intériorité (Adagio)
et élan jubilatoire (Allegro giocoso final) caractérisent une exécution
exemplaire et lumineuse. Du travail d’orfèvre.
Paavo Järvi,
attentif au soliste, ne suit pas toujours le même chemin, préférant les arêtes
vives (les tutti) et la puissance flamboyante à la sensibilité et au lyrisme
passionné. L’embrasement est pourtant au rendez-vous et Vengerov peut déployer
son timbre radieux en toute sérénité. Le bis ( la Méditation de Thaïs )
calme le jeu par la plénitude d’intonation du violoniste accompagné par des
instrumentistes sous le charme.
Début de seconde partie survolté avec la Symphonie n°3 de
Roussel : une lecture à la rythmique implacable conduite par une baguette
d’une sûreté absolue. Järvi défend une conception singulière, sombre,
éloignée de la tradition des grands chefs français, mais de bout en bout
captivante. L’Orchestre de Paris, au meilleur de sa forme, propose ensuite une Valse
de Ravel à la progression saisissante marquée par des forces maléfiques,
jusqu’au climax savamment agencé qui éclate de toute son énergie libérée. Un
superbe concert de rentrée.
Prochains
rendez-vous avec l’Orchestre de Paris les 17 et 18 septembre (avec Järvi et
Xavier Philips) et les 24 et 25 septembre, pour un programme Dvorak et Martinu
réunissant le Chœur et l’Orchestre sous la conduite Tomas Netopil.
Réunir
dans un même programme Brahms et la musique française peut paraître
antithétique. On connaît le cri du cœur adressé par le musicien allemand
au jeune Henri Büsser venu lui rendre visite à Vienne : « Il n’y a pas
de compositeur français. » Depuis, du temps s’est écoulé tant sur les
bords du Danube que sur ceux de la Seine ...
En ouverture de saison de l’Orchestre de Paris, le célèbre Concerto en ré majeur
de Brahms brille de tous ses feux sous l’archet impérial de Maxim
Vengerov qui n’a rien perdu de son art souverain. Générosité de son,
maîtrise technique (y compris dans les redoutables déplacements de l’Allegro non troppo initial), cadence personnelle d’une difficulté impressionnante, intériorité (Adagio) et élan jubilatoire (Allegro giocoso final) caractérisent une exécution exemplaire et lumineuse. Du travail d’orfèvre.
- See more at:
http://www.concertclassic.com/article/paavo-jarvi-et-maxim-vengerov-avec-lorchestre-de-paris-une-rentree-jubilatoire-compte-rendu#sthash.Q4LCzJ7Z.dpuf
Réunir
dans un même programme Brahms et la musique française peut paraître
antithétique. On connaît le cri du cœur adressé par le musicien allemand
au jeune Henri Büsser venu lui rendre visite à Vienne : « Il n’y a pas
de compositeur français. » Depuis, du temps s’est écoulé tant sur les
bords du Danube que sur ceux de la Seine ...
En ouverture de saison de l’Orchestre de Paris, le célèbre Concerto en ré majeur
de Brahms brille de tous ses feux sous l’archet impérial de Maxim
Vengerov qui n’a rien perdu de son art souverain. Générosité de son,
maîtrise technique (y compris dans les redoutables déplacements de l’Allegro non troppo initial), cadence personnelle d’une difficulté impressionnante, intériorité (Adagio) et élan jubilatoire (Allegro giocoso final) caractérisent une exécution exemplaire et lumineuse. Du travail d’orfèvre.
Début de seconde partie survolté avec la Symphonie n°3 de
Roussel : une lecture à la rythmique implacable conduite par une
baguette d’une sûreté absolue. Järvi défend une conception singulière,
sombre, éloignée de la tradition des grands chefs français, mais de bout
en bout captivante. L’Orchestre de Paris, au meilleur de sa forme,
propose ensuite une Valse de Ravel à la progression saisissante
marquée par des forces maléfiques, jusqu’au climax savamment agencé qui
éclate de toute son énergie libérée. Un superbe concert de rentrée.
Prochains rendez-vous avec l’Orchestre de Paris les 17 et 18
septembre (avec Järvi et Xavier Philips) et les 24 et 25 septembre, pour
un programme Dvorak et Martinu réunissant le Chœur et l’Orchestre sous
la conduite Tomas Netopil.
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Kultuur.err.ee
Priit Kuusk
14.09.2014 Paavo Järvi (Foto: Klaus Rudolph)
Paavo Järvi dirigeeris suvel mitmeid kontserte Bremeni Deutsche Kammerphilharmonie ees nii Saksamaal kui Põhja-Ameerikas, uut hooaega alustas dirigent sel nädalal Orchestre de Paris' ees.
Pärast juulikuiseid esinemisi Pärnu muusikafestivalil ning Järvi Akadeemial astus Paavo Järvi dirigendina veel üles mitmel kontserdil koos Bremeni Deutsche Kammerphilharmonie'ga Saksamaal ning turneel Kanadas ja USAs.
Ajavahemikul 25. juulist kuni 7. augustini oli peadirigent Paavo Järvi Deutsche Kammerphilharmonie' (DKB) ees kokku seitsmel kontserdil. 25. ja 26. juulil mängiti Schleswig-Holsteini muusikafestivalil Hamburgi Laeiszhalles ja Kieli lossis, solistiks oli noor sakslanna Julia Fischer ning kavas Felix Mendelssohn Bartholdy avamäng "Hebriidid", tema Viiulikontsert ning Johannes Brahmsi Esimene sümfoonia.
Paavo Järvi kaalukas kontserdireis DKB-ga Kanadasse ja USAsse suundus koguni neljale festivalile, kavades kaasas harukordsena vaid ühe helilooja, Johannes Brahmsi muusika. 2. ja 3. augustil mängiti Kanadas kuulsal Lanaudière’i festivalil, kontserdipaigaks Amphitheatre de Lanaudière, esimeses kavas Brahmsi Klaverikontsert nr 1, solistiks Lars Vogt, ning Sümfoonia nr 2. Teises kavas mängis Christian Tetzlaff Brahmsi Viiulikontserti, seejärel orkestrilt Sümfoonia nr 1. 4. augustil mängis DKB juba USAs Ravinia festivalil: Brahmsi „Akadeemiline piduavamäng“ ning sümfooniad nr 1 ja nr 2. 6. augustil esinesid Saksa muusikud Tanglewoodi festivalil Seiji Ozawa Hallis, solistina taas Lars Vogt, kavas Brahmsi avamäng, Klaverikontsert nr 1 ning Sümfoonia nr 2. Viimane kontsert leidis aset 7. augustil New Yorgis Alice Tully Hallis festivalil Mostly Mozart, esitati sama kava, mida mängiti Tanglewoodis. Kontserdist kirjutas järgmisel päeval hea arvustuse koos fotoga The New York Times, autoriks muusikakriitik David Allen.
2. septembril juhatas Paavo orkestrit Bremeni festivalil aga noorem vend Kristjan Järvi, solistiks oli türgi tippvirtuoos Fazil Say. Paavo Järvi sai endale lubada kuu aega puhkust, alustades uut hooaega aga Orchestre de Paris' ees 10. septembril. Kohe mängiti Pariisi mainekas Salle Pleyelis nii 10. kui 11. septembril sama avakava: Maksim Vengerov Brahmsi Viiulikontserdi solistiks, prantsuse neoklassitsisti Albert Rousseli Kolmas sümfoonia ning Maurice Raveli legendaarne "La valse".
Peatselt, 17. ja 18. septembril jõuab Pleyeli saali publiku ette teinegi kava Orchestre de Paris'ga: prantslaste nüüdismuusikaklassiku Henri Dutilleux' (1916-2013) "Métaboles", Edouard Lalo Tšellokontsert, solistiks Xavier Phillips, ja Pjotr Tšaikovski Viies sümfoonia.
23. septembrist asub Paavo Järvi tegutsema taas DKB-ga, andes nendega kuni 6. oktoobrini viis kontserti nelja erineva kavaga – Frankfurtis, Bremenis, Bonnis ja taas kahel õhtul Bremenis. Solistideks kuulsad nimed nagu pianistid Fazil Say ja Arkadi Volodoss.
Valmis on saanud ka Paavo Järvi ja DKB viimane CD Robert Schumanni tsüklist.
Veel sel aastal viib Paavo Järvi DKB taas Lõuna-Koreasse ja Jaapanisse, kokku üheteistkümne kontserdiga novembris-detsembris, novembri algul on Paavo Järvi ja Orchestre de Paris veel viie kontserdiga Hiinas. Toimetas
Tiiu Laks
LeFigaro.fr
Christian Merlin
15/09/2014 LA CHRONIQUE DE CHRISTIAN MERLIN - Les deux archets, l'un à Paris, l'autre au Festival de Lucerne, ont volé la vedette aux orchestres. Eric Garault
Pour tout dire, on avait prévu, pour changer, de vous parler d'orchestre. La rentrée de l'Orchestre de Paris sous la direction de Paavo Järvi et trois concerts du Philharmonique de Vienne en clôture du Festival de Lucerne, qui reste le rendez-vous rêvé de tous les amoureux de symphonique, devaient en être l'occasion.
Seulement voilà, ce que l'on a retenu de ces soirées, ce sont deux violonistes! Non que les phalanges aient démérité: l'Orchestre de Paris a fait preuve d'une belle énergie et de cohésion dans la Troisième de Roussel et La Valse de Ravel, même si l'on peut souhaiter plus de subtilité, et les Wiener Philharmoniker ont rutilé dans la Deuxièmede Sibelius, la Huitièmede Dvorak et Shéhérazadede Rimski-Korsakov, sans que l'on sente une patte personnelle dans les interprétations extérieures de Gustavo Dudamel. Bref, des concerts de bonne tenue mais que l'on oublie assez vite. Les moments privilégiés, ceux dont on se souvient avec éblouissement, ce sont deux archets d'exception qui nous les ont offerts.
Soliste du Concertode Brahms avec l'Orchestre de Paris, Maxime Vengerov revient aux grands concertos après une interruption due à des problèmes physiques. Aurait-il recouvré ses capacités? Telle était la question que l'on se posait en abordant ce concert avec appréhension. La réponse est oui, et plus encore. Voilà du grand violon romantique à l'ancienne, flamboyant, ouvert, d'une sonorité constamment lumineuse, avec l'envoûtant Stradivarius «Kreutzer». Et sans les tics ostentatoires qu'on lui reprochait avant, et qui le faisaient régulièrement flirter avec la vulgarité.
L'art du pianissimo
Trois jours après, voici Sergueï Khatchatrian dans l'autre pilier des concertos pour violon, celui de Beethoven, avec le Philharmonique de Vienne. Un moment de grâce, onirique, funambulesque, entièrement tourné vers l'intérieur. Son interprétation très personnelle refuse aussi bien la rigueur classique que la virtuosité romantique, pour laisser parler une profondeur intime qui vous tire les larmes dès le premier son. Cet art du pianissimo murmuré dans l'aigu, sur son Guarnerius qui a appartenu à Ysaÿe, cette façon de poursuivre le moment où la beauté est si intense qu'elle en devient douloureuse, ne peuvent venir que d'un ange tombé du ciel. Ce qui est rassurant, c'est que la salle s'est levée comme un seul homme pour fêter le jeune violoniste de 29 ans. Mais le public de Lucerne a été formé par dix ans de fréquentation de Claudio Abbado, dont la leçon majeure est d'écouter le silence.
http://www.lefigaro.fr/musique/2014/09/15/03006-20140915ARTFIG00235-violons-dingues.php
Photo: Raigo Pajula Agence France-PressePaavo Järvi a annoncé qu’il ne
renouvellera pas son contrat de directeur musical de l’Orchestre de
Paris à la fin de la saison 2015-2016.
Moins d’un mois après son passage au Festival de Lanaudière, le chef
d’orchestre Paavo Järvi a créé une onde de choc dans le milieu musical
français en annonçant qu’il quitterait la direction musicale de
l’Orchestre de Paris au terme de son contrat, à l’été 2016.
C’est donc à un directeur musical en partance auquel sera confié
l’honneur d’inaugurer, le 15 janvier 2015, la Philharmonie de Paris,
pharaonique nouvelle salle de concert de la capitale, dont les
dépassements de coûts font les gorges chaudes des journalistes et
commentateurs, et les luttes serrées entre des paliers gouvernementaux —
ville et État — quant à savoir qui acquittera les factures.
Dans une lettre adressée à l’administration et aux musiciens de l’Orchestre de Paris, le chef estonien, soulignant son «attachement pour l’Orchestre de Paris» et sa «proximité avec ses magnifiques musiciens», annonce qu’il a pris cette décision «le coeur lourd» pour
se consacrer à son nouveau mandat auprès de l’Orchestre symphonique de
la NHK de Tokyo et au tandem qu’il forme avec la Deutsche
Kammerphilharmonie (DKP) de Brême.
Ces raisons ne sont évidemment ni suffisantes ni déterminantes puisque Paavo Järvi, workaholic
comme d’autres (Kent Nagano, par exemple), n’a jamais rechigné à
cumuler des mandats et a toujours eu deux postes en plus de celui auprès
de la DKP. Certains potineux y voient déjà un signe de disponibilité
potentielle envoyé au Philharmonique de Berlin, qui se choisira un
nouveau chef dans un an. Mais cette lourde décision est bien davantage, à
notre sens, une immense gifle envoyée à la France et à la manière dont
des roitelets et apparatchiks administrateurs y accaparent des pouvoirs
décisionnaires.
Après une analyse réaliste de l’échiquier, Paavo Järvi ne sera pas, à
terme, le bouffon à baguette de la Philharmonie de Paris, salle posée
aux confins du Paris intra-muros, pendant que la capitale française
bradera aux amuseurs publics la mythique salle Pleyel. Paavo Järvi vient
de prendre une décision qui lui préservera beaucoup d’influx nerveux et
de sérénité utiles à bien d’autres choses, musicalement plus
constructives que des petites guéguerres de coulisses.
Il lui reste, dans les deux ans qui viennent, une inauguration de
salle, une tournée en Chine, l’enregistrement d’une intégrale Sibelius
et des concerts qui le feront amèrement regretter des mélomanes
parisiens…
http://www.ledevoir.com/culture/musique/417533/musique-classique-le-chef-paavo-jarvi-tourne-le-dos-a-paris
The New York Times GEORGE LOOMIS 28/08/2014 Philharmonie de Paris Prepares to Open Amid Controvers
An artist’s rendering of the interior of the new Philharmonie de Paris, which is done in the so-called vineyard style, with tiers of seats and balconies surrounding the stage. Credit Philharmonie de Paris – Arte Factory PARIS
— Following a long and difficult gestation that is not entirely over,
La Philharmonie de Paris is set to open in January 2015. If all goes
according to plan, Paris will have one of the finest — and, with a price
tag of €381 million, or $505 million, one of the most costly — concert
halls anywhere in the world.
The
Orchestre de Paris, now housed at the venerable Salle Pleyel in central
Paris, will be its resident orchestra, but programming will also
include a wide array of guest organizations and solo artists.
“It
is unbelievable,” said the conductor William Christie, whose Baroque
ensemble Les Arts Florissants will also move to the Philharmonie. “I’ve
never seen another project like it. It’s reminiscent of the creation of
Lincoln Center, or maybe some of the recent Chinese projects.”
Controversy
has dogged the Philharmonie from the beginning. Cost overruns, its
relatively remote location, issues concerning artistic decision-making
and even whether Paris really needed a new concert hall are some of the
things people are talking about.
The Orchestre de Paris, conducted by Paavo Järvi, standing, will make its new home at the Philharmonie. Credit Jean-Baptiste Pellerin/Orchestre de Paris
There
is little disagreement, however, about the spectacular nature of the
building designed by the architect Jean Nouvel, whose previous work has
included concert halls in Lucerne, Switzerland, and Copenhagen and the
redesigned Lyon opera house. The extravagant aluminum structure looks
like a collection of randomly stacked slabs, with significant space
between them and a vertical slab cutting through the others.
The
2,400-seat auditorium reflects the influence of Berlin’s concert hall,
also called the Philharmonie, and the Walt Disney Concert Hall in Los
Angeles. All three are in the so-called vineyard style, with tiers of
seats and balconies surrounding the stage in the manner of a vineyard on
a slope. This configuration has become popular because it allows for
unobstructed sight lines and promotes audience involvement by lessening
the distance between the conductor and those seated farthest away, as
compared to the conventional rectangular, or shoebox, design.
In
the Philharmonie, the distance between the conductor and those farthest
away will be 32 meters, or 105 feet, compared with 47 meters for the
Salle Pleyel, which has 500 fewer seats.
The
new hall will also feature modular seating that can be reconfigured in
function of the artists or the works being presented. For example, if a
concert features a singer, the stage can be positioned so that it is
adjacent to a wall, thereby eliminating seats that would give a view of
the singer’s back.
The
idea of a new Paris concert hall was first floated in the 1970s. The
administration of President François Mitterrand moved ahead with its
“Grands Projets,” or modern monuments for Paris, during the 1980s — a
program that included the creation of the Parc de la Villette complex,
which encompasses the music museum and small concert hall of the Cité de
la Musique. But in the end the construction of a new opera house, the
Opéra Bastille, took priority over a large concert hall, and the
decision to move ahead with the Philharmonie was made only in 2006.
Construction
began in 2010, with costs to be shared by the French government (45
percent), the city of Paris (45 percent) and the regional council of the
Île-de-France (10 percent).
The
imposition of austerity measures by the French government in 2011
caused a number of cultural projects to be called off, but work on the
Philharmonie had progressed to an extent that cancellation was ruled
out: It had become, in effect, too big to derail. Construction was
interrupted because of delays in government funding, which created added
costs.
The mounting expenditures “have worried some and infuriated others,” Mr. Christie said.
But
according to Laurent Bayle, president of the Philharmonie and director
of the Cité de la Musique, the extent of cost overruns has been
exaggerated. Some reports have pointed out that the final cost will be
nearly three times the original estimate of €130 million, but Mr. Bayle
said that lower figure represented essentially the estimated physical
cost of the building and excluded other categories of expenses, such as
fees and equipment. These other expenses, which add up to approximately
€100 million, are reflected in the €381 million total. Inflation and
costs of complying with environmental and energy requirements also
increased the final tally, he said.
Questions
have also been raised about the decision to put the new hall in Parc de
la Villette. The location offered open land for such a big project as
well as proximity to the Cité de la Musique and the Paris Conservatoire,
which is also located there. But the complex is in Paris’s somewhat
gritty 19th Arrondissement, at the northeastern edge of the city just
inside the Boulevard Périphérique, or ring road.
Commentators
have wondered whether Parisian classical-music lovers, who are
accustomed to attending concerts in posher and more convenient locations
such as the Salle Pleyel and the Théâtre des Champs-Elysées, will
venture that far afield. The Philharmonie will have parking spaces for
more than 600 automobiles, though the capacity of the hall is four times
that. A trip on the Métro, or subway, can easily take 45 minutes from
central Paris.
Far
from regarding the location as a disadvantage, Mr. Bayle sees it as an
asset in helping to cultivate a new audience for classical music —
which, in Paris as everywhere, is graying. Mr. Bayle has said he wants
to do away with what he characterizes as today’s musical split:
classical music for senior citizens and the well-off, popular music for
the young. He points out that while 2.5 million people live in
relatively well-to-do Paris, 11 million people live outside of the city
in the more modest suburbs — yet these suburban dwellers make up only
about 20 percent to 30 percent of the audience at a typical classical
music concert.
“It is essential that we draw these people in,” Mr. Bayle said.
The
programming for the Philharmonie’s first six months of operation, from
January to June 2015, reflects that desire. Of 270 concerts, more than
half, or 150, are classical. But the Philharmonie will also reach out to
its new neighbors with 70 concerts embracing pop, jazz and world music.
There will also be 50 family and young people’s concerts, primarily on
weekends. The annual budget is expected to be €32 million, of which €9
million each will come from the French government and the city of Paris
and €14 million from ticket sales and private contributors and sponsors.
The
Philharmonie will reach out in another sense as well. Ticket prices are
expected to be approximately 15 percent less expensive than for
comparable events at the Théâtre des Champs-Élysées or the Salle Pleyel,
each of which has a capacity of several hundred fewer seats than the
Philharmonie.
Paavo
Järvi, music director of the Orchestre de Paris, is quick to point out
that the orchestra will not “dumb down” its repertoire to fill seats. “I
am determined to have programming that is artistically interesting and
challenging, not just popular works, even if the box office suffers
somewhat,” he said by telephone in July.
The
orchestra has made important strides under Mr. Järvi, who took over in
2010. Mr. Bayle mentions the acclaim it won at last summer’s
Aix-en-Provence Festival playing Strauss’s “Elektra” in the late Patrice
Chéreau’s last opera production. French orchestras are famous for their
wind sections, and the Orchestre’s is particularly strong. The
musicians are reputed to have an excellent working relationship with Mr.
Järvi — better, it is said, than with the previous music director,
Christoph Eschenbach.
The
orchestra has traditionally had a Germanic orientation under conductors
such as Herbert von Karajan, Georg Solti and Christoph von Dohnanyi.
Mr. Järvi has programmed more French music, which has also lifted the
spirits of this French orchestra. “Players have thanked me for bringing
back French repertoire,” he said.
On
Aug. 26, Mr Järvi announced that he would not renew his contract with
the Orchestre when it expires at the end of summer 2016 to devote more
time to the NHK Symphony Orchestra, of which he becomes music director
in October 2015. He will remain music director of the Deutsche
Kammerphilharmonie in Bremen, Germany.
Reached
by his agent in Florida, where he is vacationing with his family, Mr.
Järvi said by email that his comments about the Philharmonie and his
decision not to renew his contract as music director “are completely
separate issues.” In any case, his decision bars the prospect that the
Orchestre, which has had a relatively high turnover rate of music
directors, could have had a long-term relationship with a conductor
under whom it has prospered.
The
opening of the Philharmonie will have ramifications for Paris’s other
concert venues, most notably the Salle Pleyel, the current home of the
Orchestre de Paris. The much-admired hall, built in the 1920s in Art
Deco style and renovated in 2004-2006, will no longer program classical
music once the Orchestre moves to its new home.
As
Mr. Bayle explained it, Salle Pleyel was acquired from its private
owner to become part of the Cité de la Musique and as such falls under
Mr. Bayle’s domain. Because of the expense of the Philharmonie, the
government financed the purchase with debt. The Salle Pleyel will now be
expected on its own to make payments on that debt, and in Mr. Bayle’s
view only a shift toward more commercially viable programming will make
this possible.
As
for the Théâtre des Champs-Élysées, its director, Michel Franck, said
he was not overly worried about its future. True to its origins as a
theater, the venue presents operas and other stage works, but improved
acoustics since Mr. Franck took over in 2010 have enhanced its status as
one of Paris’s main concert venues.
“So
far none of our soloists or ensembles has left us for the
Philharmonie,” Mr. Franck said. He did say he would keep an eye on the
Philharmonie’s pricing structure because he doesn’t want his theater to
gain a reputation as an expensive hall.
Mr.
Franck plays down the concerns that swirl around his new competition.
“When the Barbican Center opened in London 30 years ago, people thought
almost no one would go there,” he said. “Now it’s totally successful.”
At
this point, perhaps the biggest unknown factor concerns the
Philharmonie’s acoustics. In designing the hall, Mr. Nouvel worked with
the New Zealand firm Marshall Day Acoustics and with Yasuhisa Toyota of
Nagata Acoustics of Japan. Both firms enjoy solid reputations, with Mr.
Toyota in particular having an impressive track record for successful
halls, including Disney Hall. But you never really know until an
orchestra is there to try things out. Acoustical tests for the
Philharmonie are set for November.
“We
have to hope the gods of acoustics are with us,” Mr. Järvi said in
July. “If not, there could be a second French Revolution.”
LA
CHRONIQUE DE CHRISTIAN MERLIN - Avec un sens inné du temps juste, le
chef a fait savoir qu'il quitterait l'Orchestre de Paris à la fin de son
contrat, en 2016.
Il y a quelques jours, Paavo Järvi prenait l'initiative de publier un communiqué annonçant qu'il ne prolongerait pas son contrat de directeur musical de l'Orchestre de Paris au-delà
de 2016. Il est rare que l'on apprenne une telle nouvelle de la part de
l'intéressé lui-même. Le chef l'a fait en soulignant qu'il «adore
l'Orchestre de Paris» et qu'il a pris cette décision «le cœur lourd»,
mais qu'il aborde un «nouveau chapitre» de sa vie, prenant en 2015 la
direction de l'Orchestre symphonique de la NHK de Tokyo tout en
poursuivant le lien qui l'unit à la Deutsche Kammerphilharmonie de Brême
depuis vingt ans. Il rappelle ce qu'il a déjà accompli avec l'Orchestre
de Paris et ce qui leur reste encore à réaliser dans les deux ans à
venir, en particulier l'installation dans la nouvelle Philharmonie de
Paris, l'inauguration d'une nouvelle salle de concerts à Shanghaï et un
enregistrement de l'intégrale des symphonies de Sibelius, qui sera, s
auf
erreur, le premier réalisé par un orchestre français.
Premier
réflexe: regretter cette décision, tant l'apport de Järvi a été
inestimable depuis 2010. Il a redonné confiance et fierté à une
formation qu'il avait trouvée déstabilisée. Il a fait preuve d'évidentes
qualités d'éducateur d'orchestre en effectuant un travail de fond sur
le son et le jeu collectif, afin d'en améliorer l'homogénéité. Il a
obtenu des musiciens une régularité qui n'est pas la qualité première à
laquelle on associe les orchestres français. Il a créé un lien de
complicité avec les instrumentistes, chez qui transparaissent l'énergie
et le plaisir de jouer, mais aussi avec le public, ce que l'on n'aurait
pas attendu de ce Nordique d'apparence froide. On n'aura pas tardé à
s'apercevoir que l'habit ne fait pas le moine et que sa ressemblance
avec Vladimir Poutine s'arrête à son crâne chauve, car l'homme est
charmant et le chef peu enclin au despotisme. Bref, il va nous manquer.
Paavo Järvi lors du festival Rheingau Musik à Francfort, en juin dernier.
Crédits photo : Fredrik von Erichsen/DPA/MAXPPP
Mais à y regarder de plus près, on se dit que cette décision est
pleine de bon sens. Ne courant pas les invitations à droite et à gauche,
Järvi fait partie de ceux qui préfèrent se consacrer à un ou deux
orchestres afin de construire quelque chose. Il en a toujours cumulé au
moins deux (Cincinnati et Francfort, Francfort et Paris, etc.). Celui de
la NHK, traditionnellement le meilleur de Tokyo, est laissé en friche
depuis des années: s'il veut en refaire une phalange internationale, les
fuseaux horaires ne permettront pas d'être aussi disponible pour Paris,
c'est honnête d'en tenir compte (Charles Dutoit n'eut pas ces scrupules
quand il y était en même temps qu'à l'Orchestre national). Et surtout,
un directeur musical ne reste plus aujourd'hui aussi longtemps
qu'autrefois à la tête du même orchestre. Les cinquante ans de Mravinski
à Leningrad, les quarante-quatre ans d'Ormandy à Philadelphie, le
contrat de «chef à vie» de Karajan à Berlin, c'est du passé. La vie va
plus vite, les chefs voyagent et, comme les couples, on se lasse plus
vite et l'on veut du changement.
En quittant son poste en 2016,
Paavo Järvi a l'intelligence de partir en plein succès, avant d'avoir
laissé s'installer routine et lassitude: il n'a que trop bien vu les
dernières années de règne de son prédécesseur Christoph Eschenbach
tourner au cauchemar. Déjà, tout «fan de Paavo» que l'on est, on se
surprend parfois à ne plus être surpris par sa baguette intense mais pas
toujours lyrique, sa sonorité puissante mais pas toujours délicate et à
se dire que d'autres pistes peuvent être creusées. En annonçant son
retrait à l'avance, il laisse à l'orchestre le temps de se mettre en
quête de l'oiseau rare et de s'interroger sur ce que l'on attend d'un
directeur musical à l'heure où le paysage musical parisien est en pleine
recomposition. Décidément, Paavo Järvi aura eu tout juste.
http://www.lefigaro.fr/musique/2014/09/02/03006-20140902ARTFIG00039-paavo-jrvi-chronique-d-un-depart-annonce.php