Paavo Järvi assure la relève brucknérienne


Anton Bruckner (1824-1896) : Symphonie n° 7 en mi majeur (Edition Léopold Nowak). Orchestre Symphonique de la Radio de Francfort, direction : Paavo Järvi. 1 CD RCA/Sony-BMG. Code barre : 886973899724. Enregistré les 22-24 novembre 2006 au Alte Oper Frankfurt en live. SACD hybride multicanal. Notice trilingue (allemand, anglais, français). Durée : 67’27 Bruckner encore. Bruckner toujours. Bruckner jadis décrié et moqué. Bruckner aujourd’hui hissé au sommet de la hiérarchie créatrice. L’homme et sa musique ne cessent d’interroger, de fasciner, de jeter un trouble merveilleux mais indéfinissable dans l’esprit des auditeurs autant que des interprètes. Que l’on en juge en indiquant qu’un site internet dédié à Anton Bruckner (abruckner. com) recense pas moins de 300 références discographiques concernant la seule Symphonie n° 7, toutes versions confondues. Paavo Järvi grâce à l’Orchestre Symphonique de la Radio de Francfort apporte à son tour sa contribution. Face à tant de versions prestigieuses pour la plupart le chef américano-estonien et la phalange allemande s’en sortent très honorablement. Ils assurent une lecture maîtrisée ne refusant jamais les merveilleuses effusions lyriques dont Bruckner s’est fait une spécialité. Ils retiennent l’édition Léopold Nowak de 1954 au détriment des versions A. Gutman et Hass (de 1944) à l’image de la majorité des choix des interprètes. La composition de la symphonie elle-même date des années 1881-1883 et sa création l’année suivante (1884) à Leipzig revint au célèbre et très engagé Arthur Nikisch. Le premier mouvement Allegro moderato, un des plus célèbres du catalogue du maître autrichien, occupe l’espace sonore de manière ample, analytique mais sans excès et avec une exceptionnelle maturité. Il évite toute dramatisation déplacée, tout pathos superflu… Les variations d’intensité et de tensions, justes et justifiées, viennent renforcer la logique et l’impériosité du discours symphonique pour aboutir au merveilleux sommet du mouvement. Dans l’Adagio, les acteurs de cet enregistrement trouvent le ton idéal fait de recueillement et de gravité pour cette marche funèbre inoubliable. Dans le Finale, traditionnellement moins apprécié car jugé moins inspiré, cette version propulse la vision de Bruckner très haut dans l’inspiration et la continuité et porte ce texte au plus près du génie authentique de l’organiste de Saint-Florian. L’orchestre se surpasse, la captation nous paraît superlative, le chef jouit d’une illumination qu’il convient de vite découvrir. L’ensemble se positionne tout près du sommet de la discographie. Chef brucknérien indiscutable, Paavo Järvi, nouveau venu dans la compétition, pose magistralement la première pierre, plus que prometteuse, d’une intégrale ardemment espérée.


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