Un Hindemith plus attachant que jamais

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Jean-Luc Caron
26/03/2014

(1895-1963) : Sonate op. 11 n° 4 pour alto et piano ; Sonate op. 25 n° 1 pour alto solo ; Der schwanendreher ; Trauermusik. Antoire Tamesti, alto ; Orchestre symphonique de la Radio de Francfort, dir. Paavo Järvi. 1 CD Naïve. Réf. : V 5329, code barre : 8 22186 05329 4. Enregistrement réalisé à la Hessischer Rundfunck, Sendesaal, Francfort (Allemagne) en décembre 2012, avril et septembre 2013. Notice trilingue : français, anglais, allemand. Durée : 67’

Le moins que l’on puisse avancer est que Hindemith ne bénéficie pas d’une grande attention de la part du public général. Son positionnement historique complique son classement précis, prisonnier de l’histoire de la musique entre un postromantisme mourant et usé et une modernité galopante dont les places d’honneur reviennent à d’autres. On jouera la facilité en précisant qu’il fut un des représentants du néoclassicisme mais ce vocable accepte tellement de choses !
Et puis, voici cet enregistrement extraordinaire bousculant tant de préjugés et de jugements à l’emporte-pièce, durablement agrippés à un  savoir succinct et rarement révisité. , merveilleux altiste, a laissé pour son instrument d’inoubliables pages dont l’écoute oblige à reconsidérer leur auteur. Parvenir à écouter ces quatre œuvres en oubliant les mauvaises habitudes signalées supra, c’est se laisser guider vers une redécouverte des plus délectables.
La Sonate pour alto et piano (1919) décline un message délicat, euphonique, d’un splendide équilibre, donnant sans tarder l’envie d’une réécoute. Il faut céder à la tentation ! La Sonate pour alto seul (1922) se classe directement parmi les musiques les plus remarquables et attachantes d’un genre aussi méconnu que déprécié. Daté de 1935, une année après la création du célèbre Mathis le peintre dirigé par Wilhelm Furtwängler, grand défenseur d’Hindemith, même face aux nazis, Der Schwanendreher, un concerto pour alto et petit orchestre sur d’anciens chants populaires, s’écoute aisément et ne doit pas effaroucher. D’autant que l’Orchestre symphonique de la Radio de Francfort et son chef Paavo Järvi accompagnent parfaitement l’altiste , merveilleux musicien sur qui repose largement la réussite indéniable de cette anthologie. L’écoute s’achève avec Trauermusik, une marche funèbre de 1936, intense de recueillement et de haute tenue dont l’objectivité supposée n’étouffe jamais l’harmonie foncière.
Encore félicitations appuyées à Antoire Tamestit qui signe là une lecture destinée à se classer durablement au sommet de la discographie.
http://www.resmusica.com/2014/03/26/un-hindemith-plus-attachant-que-jamais/

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